Seule sur la plage la nuit (2018)

Les répercussions professionnelles et sentimentales de la révélation de sa liaison avec l'actrice Kim Min-hee, il y a deux ans, forment à la fois la motivation et le sujet de ce nouvel épisode de la filmographie de Hong Sang-soo. Leurs déboires personnels sont moins stimulants que les explorations narratives passées, mais ces enjeux et ces sentiments réels parviennent quelque part à désamorcer la menace chronique de…

Le voleur et le cordonnier (1993)

Twisted perspectives and confusing backgrounds from The Thief and the Cobbler, by one-time art director Roy Naisbitt. Movie production began in 1964, but stumbled for 30 years until a forceful release by a bond company. Eventually, a dedicated fan called Garrett Gilchrist took up to restore the director's vision, based on a bootlegged workprint and other art from the original animators. A mesmeriz…

Mr. Klein (1976)

Se montrant autant en avance sur son temps que The Servant l'indiquait déjà, Losey rejette le fait divers et l'exactitude historique au profit d'une exploration mystérieuse de la figure du double. Alain Delon, à la poursuite d'un doppelgänger élusif, se montre aveugle et étriqué dans la conception de sa propre identité. Et le public de voir se refléter sur son visage les traits de chacun des fantômes combattus...

Mœbius Redux: A Life in Pictures (2007)

Le documentaire est doublement décevant, d'abord parce qu'il ne se livre à aucune analyse critique de l'œuvre (ou même de la trajectoire professionnelle) de Mœbius, et ensuite parce que le dessinateur... n'est pas une personne aussi intéressante que son travail le laissait présumer ? En tout cas, l'ambition biographique du film échoue à le faire apparaître autrement que comme un travailleur ambitieux avec un gros me…

Mondes Intérieurs, Mondes Extérieurs (2012)

Le premier quart d'heure brasse hindouisme, bouddhisme et avancées technologiques, avec une dense foule d'idées qui se préoccupe bien peu des néophytes. Puis le gros du documentaire est occupé par une succession d'observations new-age tissant des liens entre les formes de la nature avec, hum, à peu près toutes les iconographies religieuses connues. Le discours, pseudo-scientifique, semble avoir pour objectif princip…

Volem rien foutre al païs (2007)

Danger travail donnait cent raisons de rejeter le salariat ; il s'agit maintenant d'en présenter les alternatives. Pierre Carles et ses complices y parviennent avec un nombre d'interventions minimal, préférant accoler divers témoignages d'individus ayant décidé de vivre en dehors des normes sociétales. Bien que le montage les entrelace, il me semble qu'on peut distinguer deux pistes principales. La première suggè…

En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus (1971)

Contraint à d'injustes économies après l'échec commercial de Profonds désirs des dieux, Imamura s'aventure avec une équipe réduite à Singapour, en Malaisie, puis en Thaïlande, sur la piste de soldats japonais jamais rentrés au bercail. La pêche n'est cependant pas très fructueuse : à peine une demi-douzaine d'intervenants. Ni le plaidoyer du converti à l'Islam, ni les divergences patriotiques des médecins ensuite, n…

L'exercice de l'État (2011)

Radiographie précise et nerveuse du pouvoir politique français, qui suscite une incessante lutte propre à pervertir, d'un combat au suivant, l'air de rien, tous les idéaux des personnes qui s'y jettent. Ici, la solitude au sommet est moins une affaire de mépris de classe que de retranchement intérieur face à des responsabilités impondérables. Assiégé, Olivier Gourmet livre une performance captivante.

Punishment Park (1971)

Cinquante ans plus tard, ce faux documentaire demeure un des plus frappants constats des tensions sociales qui minent les États-Unis. Difficile de dépiler tout ce dont le film est témoin : inégalités socio-économiques, moralisme hypocrite, dispute du langage politique, violences policières, militarisme aveugle, invulnérabilité des pouvoirs en place, culture des armes à feu, menaces contre la presse...

Drôle de drame (1937)

Les dialogues de Prévert sont un peu facétieux, mais l'évolution du cinéma français les inscrit rétrospectivement dans un classicisme artificiel et plutôt daté. À côté, les interprétations, quoique tout autant produits de leur temps, sont si chaleureuses et exubérantes que je les trouve encore engageantes. De quoi, en tout cas, faire à peu près avaler une histoire farfelue et légère (ce n'est pas la mise en scène qu…

Ni vieux, ni traîtres (2006)

Entre reportage désintéressé et militantisme revendiqué, ce documentaire autofinancé s'intéresse aux membres de groupes libertaires des années 70-80, dont certaines actions violentes avaient défrayé la chronique. Sans surprise, l'histoire a trouvé plus facile de retenir les assassinats perpétrés sur des grands patrons, plutôt que les pompes passées en contrebande pour permettre des avortements pendant l'Espagne fran…

Les Funérailles des roses (1969)

Plongée underground dans le Tokyo de la fin des années 60, où l'homosexualité masculine et l'expression de genre féminin pouvaient se mêler facilement. Le film est plus intéressant pour son aspect documentaire que pour ses expérimentations cinématographiques en cul-de-sac. Dommage que la partie fictionnelle, qui reprend le mythe d'Œdipe, soit plombée par des clichés hollywoodiens avant l'heure (le gay/travesti est u…

10e chambre - Instants d'audience (2004)

Depardon filme des audiences judiciaires, avec une discrétion problématique : il ne faut en effet pas croire que l'absence du cinéaste à l'écran contribue à la véracité du documentaire. Sans s'expliquer sur le choix des audiences retenues au montage, ni sur le choix de ne montrer que les audiences parmi les séances, ni sur le choix de cette chambre et de ce tribunal en particulier, il omet des informations capitales…

The Devil's Carnival (2012)

Excellente direction artistique, autant au niveau des décors que des costumes ou des maquillages, qui mélange le cirque et le macabre, sans jamais tomber dans le ridicule. De la part du réalisateur des épisodes 2 à 4 de Saw, l'absence de gore est aussi surprenante que bienvenue. Les compositions musicales et leurs ruptures fréquentes demandent un peu d'adaptation, mais prouvent aussi la volonté de ne pas s'appuyer s…

Surface(s) (2017)

Un jeune court-métrage dont les images libres évoquent Godard, dont la voix-off évoque Chris Marker. Le résultat est conforme au programme pressenti : raconter un vide intérieur fondamental. Mais je m'interroge tout de même sur le bien-fondé de cette ambition. Puisque ce vide autour duquel se définissent les personnages n'est guère plus que l'angoisse bien connue des existentialistes : n'est-il pas fallacieux de le …

Enfin pris ? (2002)

Première fausse note pour Pierre Carles. Suite spirituelle de Pas vu, pas pris et La sociologie est un sport de combat, ce documentaire est un projet mal défini, dont la structure n'a pas su émerger au cours de la production. L'ensemble finit pas ressembler à une attaque personnelle contre un journaliste en particulier, ce qui n'avance à rien.

Danger travail (2002)

Pierre Carles met en retrait son penchant dénonciateur, pour encenser les personnes qui ont pris leurs distances d'avec le salariat. Une catégorie sociale stigmatisée par les politiques et étouffée par les médias, parce qu'elle refuse le jeu de la consommation. Les témoignages sont marqués par la pénibilité physique, autant que par le malaise psychologique qui découle de la plupart des rapports de hiérarchie et d…

L'enfer d'Henri-Georges Clouzot (2009)

L'enquête sur l'échec du tournage du film (ou de sa production ?) est plutôt légère, mais c'est d'abord pour les recherches visuelles des techniciens que ce documentaire m'intriguait, et je n'ai pas été déçue sur ce plan. De nombreux dispositifs sont inédits et frappants, et si Clouzot était parvenu à les intégrer dans son projet, ce n'est pas seulement son héritage de « cinéma de papa » qui aurait été à revoir : il…

Le testament du docteur Mabuse (1933)

L'image est pleine de plans élémentaires, relativement simples mais surtout équilibrés, que de nombreux films noirs américains s'empresseront de reproduire quelques années ensuite. Cet aspect didactique rattrape un scénario pas assez ample pour ses ambitions. La suite, Le diabolique docteur Mabuse, ne sera malheureusement pas aussi convaincante.

Le rayon vert (1986)

Rohmer cherche à rafraîchir son cinéma en laissant ses actrices improviser la majorité de leurs dialogues, mais l'exercice de style tourne plutôt creux. Le rayon vert montre le réel d'une fille un peu dépressive mais aussi imbue d'elle-même, refusant de reconnaître (encore moins de dépasser) ses propres appréhensions, rejetant puérilement son indécision sentimentale sur l'interprétation de signaux arbitraires (un va…