Danger travail

un film de Christophe Coello, Pierre Carles, Stéphane Goxe (2002)

Pierre Carles met en retrait son penchant dénonciateur, pour encenser les personnes qui ont pris leurs distances d'avec le salariat. Une catégorie sociale stigmatisée par les politiques et étouffée par les médias, parce qu'elle refuse le jeu de la consommation.

Les témoignages sont marqués par la pénibilité physique, autant que par le malaise psychologique qui découle de la plupart des rapports de hiérarchie et de classe. Les sévices subis sont illustrés de façon encore plus frappante par les images récoltées dans un local d'une célèbre franchise de pizzas, puis dans un centre de télémarketing. Dans ces cadres-ci, l'intégration au monde du travail exige d'annihiler sa propre individualité, au service d'une performance qui ne sert guère qu'à discipliner les troupes et engraisser les patrons.

Un discours en conférence tente de déconstruire cette situation délétère : il s'agit de parvenir à un « décloisonnement mental », à l'encontre de la sacralisation qui fait accepter un travail « dégradé et dégradant », afin de « penser l'activité de vie en dehors de la forme salariale » (la mort sociale étant au moins aussi redoutée que le manque d'argent).

NB : Une version contenant vingt minutes supplémentaires est sortie en salles sous le titre Attention danger travail. Les scènes ajoutées montrent des patrons sans conscience de la précarité de nombreux emplois, dédaigneux d'un monde qui leur est inconnu.