Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia (1974)

Une bizarrerie qui trouve assez précisément sa place entre Straw Dogs et les westerns amers de Peckinpah, où les fusillades ne font que masquer une violence psychologique plus dérangeante encore. C'était aussi l'occasion de voir à quel point la culture de la violence comique portée par Tarantino a investi l'esprit du public actuel. Chaque fusillade ou presque était accompagnée de son lot de rires étouffés dans la…

Et... ta mère aussi! (2001)

Le penchant de Cuaron pour les plan-séquences ne date pas d'hier, en fait. Le film aurait pu se contenter d'être un peu charmant et inoffensif, mais on y multiplie les références sociales au Mexique sans aucun rapport avec le road trip des deux chauds lapins et de leur compagne (ou alors il y a une métaphore foireuse qui m'a complètement échappé). Et puis il y a aussi la voix off la plus contre-productive du mond…

La 25ème heure (2002)

Un presque-choral sympatoche avec une mise en scène globalement séduisante. Par contre on m'avait toujours parlé de Spike Lee comme d'un réalisateur engagé, et je suis un peu déçu de ne pas comprendre ce qu'il a cherché à accomplir avec ce film. Alors oui, ça parle en filigrane de 9/11 et d'un pays tourmenté par ses torts, mais 25th Hour ferait mieux de proposer comment aller de l'avant, plutôt que d'insister sur le…

Profonds désirs des dieux (1968)

Impressionnant. Je me lance au hasard un film japonais de 3h tourné il y a 50 ans, et le truc m'emporte lentement mais sûrement, pour conclure avec un final dévastateur. Pas mal. C'est un peu tout à la fois, drame, farce, documentaire, fable, étude sociologique, un capharnaüm de genres qui préfigure bien une part du ciné japonais actuel. Mais le scénario repose bel et bien sur des bases solides, traitant des myth…

Une histoire d'amour suédoise (1970)

Sorti en 1970, premier film de Roy Andersson qui était réapparu cette année avec "Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence". En gros l'accent est mis sur l'insouciance et les secondes chances dont bénéficient presque miraculeusement la jeunesse par rapport à leurs familles. Le couple d'ados et leur histoire naissante est mis en scène avec une douceur et une émotion qui m'ont rappelé les meill…

Tamara Drewe (2010)

Punaise, pendant 5 ans depuis la sortie du film je m'attendais à tomber sur une étude de personnage, alors qu'en fait c'est une comédie dramatique qui se révèle de plus en plus vaine au fil de ses deux heures. Tamara n'a même pas de rôle prépondérant, le film aurait pu porter le nom de n'importe quel autre perso... Ca commençait de façon sympathique, relativement innocente, et puis pour tromper l'ennui, le scénar…

Macadam à deux voies (1971)

Gros bof : un road movie content de se perdre, de refuser d'aller où que ce soit, de flouter le départ comme l'arrivée, c'est pas mal original pour 1971, mais ça n'en reste pas moins un exercice formel ni éclairant ni divertissant. Les personnages ne sont que des pantins désenchantés dont on connaît tout après les avoir vus trente seconde chacun. C'est un peu comme si le réalisateur soupirait "je suis blasé" pendant…

La haine (1995)

J'aime : _Cassel qui parle avec "un mélange entre Moïse et Bernard Tapie" _Vincent Lindon avec une belle moustache et complètement torché _Kassovitz qui se met devant la caméra pour être jeté dans des cartons et tabassé _le russe random et son histoire scato _Rachid Djaïdani (Rengaine, 2012) dans les remerciements ; il était agent de sécurité Je comprends pas bien ceux qui reprochent à ce film de r…

Miracle en Alabama (1962)

L'époque où on avait pas besoin de commencer son film par "inspiré d'une histoire vraie" Si ce film d'Arthur Penn avait été réédité récemment, Whiplash en aurait sans doute rougi. Une jeune diplômée est rameutée au fin fond de l'Alabama pour civiliser une gamine aveugle et sourde, et avec d'autres problèmes de comportement encore. Sur le papier, ça ressemble à de la surenchère, mais les deux actrices principales …

We Need to Talk About Kevin (2011)

Ezra Miller en double maléfique parfait de Tilda Swinton. Et en plus il se balade en t-shirts S. Que demande le peuple. Mon seul regret est que le film, vers sa fin, cherche un peu trop fort à nous exposer des faits qu'on avait compris une heure plus tôt. Avant ça, culpabilité, amour maternel, martyr (Pascal Laugier si tu nous entends), Lynne Ramsay explore ses thèmes de façon incisive et assurée, avec une puissa…

Mon maître d'école (2015)

Une ancienne élève revient dans un patelin paumé du Gard pour filmer la dernière année d'enseignement de son ancien maître d'école. C'est très gênant de noter un docu pareil. C'est un peu comme un inconnu qui te raconte des anecdotes de son enfance. Ou bien un couple qui raconte l'un l'autre des histoires de leur rencontre qui n'auraient rien d'exceptionnel. C'est plein de bonnes intentions, de sincérité, de beau…

La traversée du temps (2006)

Euh. Je sais pas trop quoi dire, l'histoire et les ressorts sont assez classiques et pas terribles. J'ai pas l'impression d'avoir vu le même film que mes éclaireurs. Sur certains points le film est content de montrer qu'il a réfléchi a pourquoi qui fait quoi et où, mais du coup ça me fait tiquer sur pas mal d'incohérences et de facilités (spoilers : ...du voyage dans le temps pour voir un tableau ? un tas des com…

JCVD (2008)

Je pensais qu'il y aurait beaucoup de aware-talk, mais en fait très très peu. Comme toutes les stars de films d'action, JCVD est l'otage figuré de l'image qu'il projette et, en gros, de sa propre carrière. Du coup il y a un petit malin qui lui a écrit un scénar où il était otage littéral d'un braquage, en plus d'être otage de sa vie : ses films, ses fans, ses racines, ses divorces, ses parents... L'idée est sympa…

Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (1989)

Un délire baroque qui mélange l'horreur et l'amour, la finesse et la vulgarité, l'exquis et le dégueulasse avec la même extravagance que les meilleurs épisodes de Hannibal. Décors opulents et vaniteux, acteurs grotesques et passionnés, costumes signés Jean-Paul Gaultier que l'on barbouille de cuisine française : un film d'extrêmes qui flatte et agresse les sens en même temps. Peut-être ma plus grosse surprise depuis…

Sang pour sang (1984)

Une farce morbide qui correspond bien à l'idée qu'on peut se faire du début de carrière des Coen. Je préfère quand leurs personnages sont des weirdos plus assumés que la brochette de paumés de ce Blood Simple, mais en même temps c'est sympa de voir une formule un peu différente de Fargo, Burn After Reading, etc. J'aurais aussi tendance à dire que l'accompagnement musical est plus remarquable que pour le reste de leu…

On the Bowery (1956)

Premier docu-fiction de Rogosin, trois ans avant Come Back Africa. Tout se passe dans une rue miséreuse de New York ; ici, ce n'est pas l'apartheid qui engendre le délitement social, mais plutôt l'alcool. Moins scripté et artificiel que CBA, mais c'est pas encore tout à fait ça. Comme d'hab je reste sur ma faim quand on me montre de la misère sans chercher à plus la comprendre ni la résoudre ; peut-être que c'était …

Vanya, 42e rue (1994)

Fini en avance rapide... Pour son dernier film, Louis Malle a filmé une troupe de théâtre jouant Oncle Vania de Tchekhov. Ca se passe dans un théâtre abandonné sans décors ni costumes particuliers, mais à l'exception de trois ou quatre minutes cumulées sur tout le film durant lesquelles les acteurs sont au naturel, c'est purement et simplement du théâtre filmé, et qui aurait pu être filmé n'importe où, n'importe …

Bienvenue à Zombieland (2009)

Le film oublie rapidement d'écrire ses blagues, il reste donc : des têtes de zombies qui explosent et des props détruits pour le fun (ça m'excite moyen), et une intrigue de groupe pépère (vu que le public visé est jeune et geek et pas très dégourdi, on les flatte en faisant tomber Emma Stone dans les bras du loser Eisenberg, subtil subtil). L'apparition de Murray est triste d'ennui, mais le quatuor est quand même bi…

Inland (2008)

J'ai trouvé un Godard algérien, lol Toute l'équipe technique est au taquet, le cadrage est affûté, les lumières sont variées et maîtrisées, la bande son surprenante fait plaisir (le film ouvre avec un morceau de Fennesz, quand même), etc. Mais Inland souffre de la faille auteuriste par excellence : le réalisateur croit qu'il suffit de penser quelque chose derrière une caméra pour que le public le comprenne devant…

Maris et femmes (1992)

Moyennement convaincu par la fusion documentaire/caméra à l'épaule. Woody Allen fait le tour de ses obsessions avec moins d'humour que d'habitude, pour finir par avouer qu'il n'a guère plus de réponses qu'au point de départ. Au moins le film a conscience de ses limites. Ca rejoint tout à fait les quelques minutes où Juliette Lewis se livre à une critique du cinéma d'Allen à l'arrière d'un taxi : alertes et introspec…