Vanya, 42e rue (1994)

Fini en avance rapide... Pour son dernier film, Louis Malle a filmé une troupe de théâtre jouant Oncle Vania de Tchekhov. Ca se passe dans un théâtre abandonné sans décors ni costumes particuliers, mais à l'exception de trois ou quatre minutes cumulées sur tout le film durant lesquelles les acteurs sont au naturel, c'est purement et simplement du théâtre filmé, et qui aurait pu être filmé n'importe où, n'importe …

Bienvenue à Zombieland (2009)

Le film oublie rapidement d'écrire ses blagues, il reste donc : des têtes de zombies qui explosent et des props détruits pour le fun (ça m'excite moyen), et une intrigue de groupe pépère (vu que le public visé est jeune et geek et pas très dégourdi, on les flatte en faisant tomber Emma Stone dans les bras du loser Eisenberg, subtil subtil). L'apparition de Murray est triste d'ennui, mais le quatuor est quand même bi…

Inland (2008)

J'ai trouvé un Godard algérien, lol Toute l'équipe technique est au taquet, le cadrage est affûté, les lumières sont variées et maîtrisées, la bande son surprenante fait plaisir (le film ouvre avec un morceau de Fennesz, quand même), etc. Mais Inland souffre de la faille auteuriste par excellence : le réalisateur croit qu'il suffit de penser quelque chose derrière une caméra pour que le public le comprenne devant…

Maris et femmes (1992)

Moyennement convaincu par la fusion documentaire/caméra à l'épaule. Woody Allen fait le tour de ses obsessions avec moins d'humour que d'habitude, pour finir par avouer qu'il n'a guère plus de réponses qu'au point de départ. Au moins le film a conscience de ses limites. Ca rejoint tout à fait les quelques minutes où Juliette Lewis se livre à une critique du cinéma d'Allen à l'arrière d'un taxi : alertes et introspec…

Do the Right Thing (1989)

Hum. Sous des airs de clip MTV survitaminé, Spike Lee s'échine à brosser le tableau d'une communauté black pas mal nuancé, jusqu'au dernier quart d'heure, et là ça me gêne parce qu'il conclut sur un aval de la violence face aux tensions raciales, ni subtil ni honnête par rapport à ce qui précédait. C'est un peu comme terminer un essai éclairé et assez fun par "tout ça c'est bien beau, mais en vrai voilà ce que je pe…

I'm Not There. (2007)

Sur le papier, filmer six facettes de la vie de Bob Dylan, c'est excitant. A l'écran, c'est un challenge pour le spectateur qui doit jongler avec les storylines sans que Todd Haynes se préoccupe forcément d'équilibrer le montage. Avec les différents styles de mise en scène qui s'alternent aussi, on frôle parfois l'indigestion. Bref, l'exercice est amusant et instructif pour qui ne connaît rien à Bob Dylan, mais il n…

La ballade de Narayama (1983)

Cannes 1983 : Palme d'Or : Narayama Bushiko Grand Prix : Monty Python's The Meaning of Life C'te schizophrénie... Comme pour Profond Désir des dieux, il faut s'accrocher pour que le film commence à livrer ses clés. La première heure est vraiment laborieuse ; on finit par comprendre qu'Imamura n'a aucune ambition naturaliste (un faux-sens répandu), mais cherche à conter une époque primitive, une construct…

White Material (2009)

Encore un marqueur des obsessions post-colonialistes de Claire Denis. Miroir de 35 Rhums, ce n'est pas l'intégration d'immigrés en métropole qui est discutée ici, mais la vie d'Isabelle Huppert en contrée africaine. White Material tente de marier un drame familial au sein d'une exploitation de café avec un contexte houleux de guerre civile. Mais comme à son habitude, le récit de Claire Denis est elliptique et inutil…

L'incroyable destin de Harold Crick (2006)

Excusez-moi mais qu'est-ce que c'est que ce meta-bullshit mielleux et rempli de clichés ? Le scénariste a une seule idée, faire coexister une auteure et son personnage dans le même monde physique. Ensuite toutes ces histoires de comédie versus tragédie, comme quoi il faut tuer son personnage pour faire un bon livre, accepter sa propre mort, s'émanciper pour vivre sa vie, acheter une guitare électrique et sauter la b…

Saving Christmas (2014)

Razzie Award 2015 dans le fond pendant que je faisais autre chose, noté par un seul autre sens-critiqueur (1/10 en plus), je devrais frustrer personne sur le coup, haha. C'est une ex-star de sitcom tourné évangéliste (dans la vraie vie) qui revient devant la caméra pour expliquer que le Père Noël, les cadeaux, le sapin, le jambon et le chocolat chaud, tout ça n'a rien à voir avec du matérialisme, non mon bon mons…

Hitcher (1986)

Rutger Hauer livre une interprétation mémorable de psychopathe maléfique dans le premier film de Robert Harmon. Court mais riche en rebondissements, le scénario s'amuse aux dépends d'un jeune conducteur perdu dans les vastes étendues désertiques du Texas (décidément, je n'irai jamais passer mes vacances là-bas). Harmon marie l'action et l'horreur sans jamais céder à la surenchère. Avec la musique en plus, douce et o…

Point limite (1964)

Vingt fois moins noté que 12 Angry Men, et pourtant peut-être meilleur. Au plus fort de la Guerre Froide, Sidney Lumet se lance dans la production de cette critique du sur-armement auquel se livrent les deux blocs. Claustrophobe et paranoïaque, le résultat est une attaque directe, impitoyable et terrifiante, contre cette politique de l'escalade agressive. La sortie de Dr Strangelove quelques mois plus tôt, moins ter…

Byzantium (2012)

Je suis malheureusement resté encore plus insensible à Byzantium qu'à Entretien avec un vampire, réalisé par le même Neil Jordan une vingtaine d'années plus tôt. Il faut dire aussi que Byzantium ressemble terriblement à une redite du classique qui voyait Tom Cruise donner la réplique à Brad Pitt. Ici, le duo de vampires est joué par Gemma Arterton et Saoirse Ronan, mais les problèmes (le secret, la survie, le mal-êt…

Knight of Cups (2015)

La force de Malick, c'est de maîtriser un langage cinématographique riche de symboles et éminemment personnel (même si ça tourne souvent au challenge pour le spectateur). Sa faiblesse, en tout cas avec To the Wonder et Knight of Cups, est de chercher à magnifier la vie avec ses techniques obscures et mystiques, alors qu'au final il a très peu de choses à en dire. Christian Bale est malheureux, il traîne sa carcasse …

Le Beau-frère (2014)

Un court-métrage modeste, audacieux plutôt que provocateur, sur la perception d'un trans (et plus largement, de l'altérité) par la société algérienne. Le metteur en scène sait parler en symboles et diriger ses acteurs du début à la fin de sa vingtaine de minutes, sans chercher à épater la galerie. On sent la confiance et, avant tout, l'envie de confronter le public à un sujet épineux afin de délier les langues.

Southland Tales (2006)

C'est avec une certaine tristesse que je constate que, contrairement à Donnie Darko, le second film de Richard Kelly n'était pas à la hauteur des souvenirs de l'appréciation que je lui portais quand j'étais ado. Longuet, confus (même en ayant lu les comics prequel, c'est dire), très moyennement divertissant (beaucoup de blagues potaches qui tombent à plat), le dernier tiers qui remue un peu plus sauve l'ensemble d'u…

Jeunesse ! (2015)

Un documentaire avec une approche thématique de la jeunesse marocaine : la perception qu'ont sept jeunes, issus de milieux différents, de l'éducation, de la religion, de la politique, de leur avenir... Le montage est clair et efficace, enchaînant de façon séquentielle et fluide les différents sujets. Une des réussites du film est de parvenir à présenter des positions parfois contradictoires sans pour autant sacrifie…

Le boucher (1970)

Un thriller pas bien profond mais de bonne facture. Jean Yanne est irréprochable, attachant et inquiétant à souhait, et le travail de cadrage de Claude Zidi (dernier d'une longue liste de collaborations avec le réalisateur) est varié, fin et savoureux. Le film, qui se déroule intégralement dans un village perdu du Périgord, se double d'une lettre d'amour de Chabrol pour une France rustique et sincère (jusque dans le…

La chambre du fils (2001)

D'un évènement familial traumatisant, Moretti tire un drame qui, s'il n'épargne pas grand-chose au spectateur, ne vire jamais pour autant dans le voyeurisme. D'un moment à l'autre, la sérénité de Giovanni (joué par Moretti, aussi bon acteur que réalisateur, et ce n'est pas rien) s'effondre, et la mise en scène avec. Il y a vraiment un virage où le montage et le son, dignes et proprets, basculent dans le chaos et l'i…

Habemus Papam (2011)

Décembre. Genre je me pointe au ciné, j'ai mal à la tête, je suis crevé, j'ai pas envie de me laisser faire par un arriviste d'italien que j'ai jamais rencontré auparavant. Et pourtant. Habemus Papam est une comédie inquiète, mais son pessimisme n'a jamais rien à voir avec la satire. C'était pourtant une direction toute indiquée pour le film, qui se déroule en plein conclave, au coeur du Vatican. Mais Moretti …