Oscillant entre la revue de presse et le recueil d'interviews, Les ânes ont soif s’inscrivait dans la filmographie de Pierre Carles sans faire trop de vagues. La seconde partie du diptyque consacré à Rafael Correa, par contre, déjoue allègrement les attentes : avec l’appui décisif de Nina Faure, le portrait politique du président et de son administration se déroule désormais sur place, en Équateur. Le documentaire avance au fil des rencontres, parcourant empiriquement les strates sociales ; l’absence de programme idéologique figé permet ici de capturer les nuances citoyennes du pays tout en maintenant la curiosité du public, et sans pour autant que le projet glisse dans l’introspection gauche dont Enfin pris ? et Fin de concession avaient fait les frais.
Je ne prétendrai pas dresser un bilan de l’expérience corréiste en un paragraphe, non pas parce que la critique devrait se limiter à des ordonnances esthétiques, mais plutôt parce que les jugements rapides ne sont particulièrement pas de mise. La réduction de la pauvreté et l’amélioration des services publics ont été financés par l’extractivisme, et la classe moyenne solidifiée jalouse la bourgeoisie sans qu’il lui ait été donné de raisons de remettre en question son consumérisme patriarcal. La fin du mandat de Correa a ouvert les vannes des accusations de corruption et de connivence néolibérale, mais comment séparer la révélation de la diffamation ? Dans l’attente d’une résolution temporaire des jeux de pouvoir sud-américains, On revient de loin dresse un rapport inquisiteur sur une situation complexe, tirant une étude militante de son travail d’observation.
Oscillant entre la revue de presse et le recueil d'interviews, Les ânes ont soif s’inscrivait dans la filmographie de Pierre Carles sans faire trop de vagues. La seconde partie du diptyque consacré à Rafael Correa, par contre, déjoue allègrement les attentes : avec l’appui décisif de Nina Faure, le portrait politique du président et de son administration se déroule désormais sur place, en Équateur. Le documentaire avance au fil des rencontres, parcourant empiriquement les strates sociales ; l’absence de programme idéologique figé permet ici de capturer les nuances citoyennes du pays tout en maintenant la curiosité du public, et sans pour autant que le projet glisse dans l’introspection gauche dont Enfin pris ? et Fin de concession avaient fait les frais.
Je ne prétendrai pas dresser un bilan de l’expérience corréiste en un paragraphe, non pas parce que la critique devrait se limiter à des ordonnances esthétiques, mais plutôt parce que les jugements rapides ne sont particulièrement pas de mise. La réduction de la pauvreté et l’amélioration des services publics ont été financés par l’extractivisme, et la classe moyenne solidifiée jalouse la bourgeoisie sans qu’il lui ait été donné de raisons de remettre en question son consumérisme patriarcal. La fin du mandat de Correa a ouvert les vannes des accusations de corruption et de connivence néolibérale, mais comment séparer la révélation de la diffamation ? Dans l’attente d’une résolution temporaire des jeux de pouvoir sud-américains, On revient de loin dresse un rapport inquisiteur sur une situation complexe, tirant une étude militante de son travail d’observation.