La privatisation de la première chaîne de télévision française est prononcée en 1987. Suite à un appel d'offres mouvementé, le consortium industriel mené par Bouygues obtient de l'État français le droit de diffuser sur les ondes nationales. Cette concession est accordée pour dix ans, délai au bout duquel le CSA devait examiner le respect des objectifs annoncés (notamment culturels) afin de statuer sur un éventuel renouvellement.
Dans les faits, l'autorisation d'exploitation a été prolongée sans heurt en 1997, en 2002, puis en 2007 —cette fois pour quinze ans. Il en fallait bien moins à Pierre Carles pour y lire une complaisance du CSA et des institutions politiques à l'égard des puissances industrielles, et sa contrepartie : le soutien idéologique des responsables médiatiques pour les pouvoirs en place, privés comme publics.
La critique des médias est une affaire plus complexe qu'à l'époque de Pas vu, pas pris, et pas seulement parce que le passif de Pierre Carles suscite la méfiance et le prive de nombreuses interviews. Entre l'intérêt chancelant des audiences pour les émissions d'investigation, et les privilèges dont les personnalités établies disposent pour tenir l'opposition à distance, les médias dominants sont désormais largement intouchables sur leurs propres terrains.
En 2012, le succès au box-office de Les nouveaux chiens de garde a montré que le cinéma indépendant constituait encore une voie de diffusion contestataire. Boudé par les chaînes publiques, ce documentaire n'est pas loin de constituer l'ultime pièce à conviction pour prouver l'auto-censure de la télévision. Ce verdict : coupable irrémissible, place Pierre Carles dans une impasse morale, lui dont l'énergie et l'occasionnelle candeur découlaient plutôt d'une volonté de redresser la télévision, pas de l'abattre.
Approché sous cet angle personnel, Fin de concession rejoint peu ou prou les étapes du modèle populaire du deuil : déni, colère, marchandage, dépression, acceptation... quoique cette dernière ne soit pas encore au point. Le rôle d'enquiquineur des puissants que Carles finit par revendiquer à titre personnel, reste une version maquillée et non résolue du sauveteur des médias qu'il ambitionnait d'être. Sans pour autant accuser de mesquinerie un homme qui s'est vu ravir son combat, il faut reconnaître que le documentaire se termine en queue de poisson, dans une posture négative en mal de propositions.
La privatisation de la première chaîne de télévision française est prononcée en 1987. Suite à un appel d'offres mouvementé, le consortium industriel mené par Bouygues obtient de l'État français le droit de diffuser sur les ondes nationales. Cette concession est accordée pour dix ans, délai au bout duquel le CSA devait examiner le respect des objectifs annoncés (notamment culturels) afin de statuer sur un éventuel renouvellement.
Dans les faits, l'autorisation d'exploitation a été prolongée sans heurt en 1997, en 2002, puis en 2007 —cette fois pour quinze ans. Il en fallait bien moins à Pierre Carles pour y lire une complaisance du CSA et des institutions politiques à l'égard des puissances industrielles, et sa contrepartie : le soutien idéologique des responsables médiatiques pour les pouvoirs en place, privés comme publics.
La critique des médias est une affaire plus complexe qu'à l'époque de Pas vu, pas pris, et pas seulement parce que le passif de Pierre Carles suscite la méfiance et le prive de nombreuses interviews. Entre l'intérêt chancelant des audiences pour les émissions d'investigation, et les privilèges dont les personnalités établies disposent pour tenir l'opposition à distance, les médias dominants sont désormais largement intouchables sur leurs propres terrains.
En 2012, le succès au box-office de Les nouveaux chiens de garde a montré que le cinéma indépendant constituait encore une voie de diffusion contestataire. Boudé par les chaînes publiques, ce documentaire n'est pas loin de constituer l'ultime pièce à conviction pour prouver l'auto-censure de la télévision. Ce verdict : coupable irrémissible, place Pierre Carles dans une impasse morale, lui dont l'énergie et l'occasionnelle candeur découlaient plutôt d'une volonté de redresser la télévision, pas de l'abattre.
Approché sous cet angle personnel, Fin de concession rejoint peu ou prou les étapes du modèle populaire du deuil : déni, colère, marchandage, dépression, acceptation... quoique cette dernière ne soit pas encore au point. Le rôle d'enquiquineur des puissants que Carles finit par revendiquer à titre personnel, reste une version maquillée et non résolue du sauveteur des médias qu'il ambitionnait d'être. Sans pour autant accuser de mesquinerie un homme qui s'est vu ravir son combat, il faut reconnaître que le documentaire se termine en queue de poisson, dans une posture négative en mal de propositions.