Je ne m'attendais pas à retrouver si vite un visual novel qui capture autant mon attention que If Found..., et pourtant. Annapurna Interactive, l'éditeur des deux jeux, a clairement compris que l'intégration d'une histoire dans le média du jeu vidéo demande plus qu'une simple transposition cinématographique. Dans sa dimension interactive, What Remains of Edith Finch hérite de ces livres à cachettes, ces albums de jeunesse dont une partie essentielle des illustrations demande à être dépliée et révélée pour progresser dans le récit. Cet esprit de manipulation donne au jeu un aspect presque tactile, physique et immersif, en même temps qu'il l'infuse d'un sens de la surprise et du merveilleux.
Il est plus intéressant encore de voir Edith Finch confronter ces plaisirs primaux de l'enfance à un cadre narratif horrifique. Plusieurs genres, distingués ou populaires, sont mis à contribution, mais la cohérence est retenue grâce à une mélancolie qui traverse chaque chapitre. Cette mélancolie s'appuie elle-même sur un fil thématique fort : la famille. Le manoir des Finch, agrandi et éclaté au fil des générations, à la fois émanation du chaos et forteresse pour s'en préserver, fournit une unité de lieu naturelle. De ce socle somme toute traditionnel resurgit une réflexion sur la puissance unificatrice des contes, sur leur capacité à fédérer et à faire vivre indépendamment de leur contenu.
Avec son ultime lettre, dont le jeu se présente comme l'adaptation, le personnage d'Edith Finch s'inscrit en définitive bien moins dans un registre d'horreur grotesque que dans celui d'une tragédie post-moderne. Elle sait que toute tentative d'émancipation par le récit ne peut qu'alimenter et perpétuer la substance d'une famille prisonnière de sa propre légende. Et, comme dans toute bonne tragédie, il y a de la grandeur dans sa résignation.
Je ne m'attendais pas à retrouver si vite un visual novel qui capture autant mon attention que If Found..., et pourtant. Annapurna Interactive, l'éditeur des deux jeux, a clairement compris que l'intégration d'une histoire dans le média du jeu vidéo demande plus qu'une simple transposition cinématographique. Dans sa dimension interactive, What Remains of Edith Finch hérite de ces livres à cachettes, ces albums de jeunesse dont une partie essentielle des illustrations demande à être dépliée et révélée pour progresser dans le récit. Cet esprit de manipulation donne au jeu un aspect presque tactile, physique et immersif, en même temps qu'il l'infuse d'un sens de la surprise et du merveilleux.
Il est plus intéressant encore de voir Edith Finch confronter ces plaisirs primaux de l'enfance à un cadre narratif horrifique. Plusieurs genres, distingués ou populaires, sont mis à contribution, mais la cohérence est retenue grâce à une mélancolie qui traverse chaque chapitre. Cette mélancolie s'appuie elle-même sur un fil thématique fort : la famille. Le manoir des Finch, agrandi et éclaté au fil des générations, à la fois émanation du chaos et forteresse pour s'en préserver, fournit une unité de lieu naturelle. De ce socle somme toute traditionnel resurgit une réflexion sur la puissance unificatrice des contes, sur leur capacité à fédérer et à faire vivre indépendamment de leur contenu.
Avec son ultime lettre, dont le jeu se présente comme l'adaptation, le personnage d'Edith Finch s'inscrit en définitive bien moins dans un registre d'horreur grotesque que dans celui d'une tragédie post-moderne. Elle sait que toute tentative d'émancipation par le récit ne peut qu'alimenter et perpétuer la substance d'une famille prisonnière de sa propre légende. Et, comme dans toute bonne tragédie, il y a de la grandeur dans sa résignation.