Tu ne tueras point

Hacksaw Ridge

un film de Mel Gibson (2016)

vu le 22 novembre 2016 à l'UGC Bercy

Les gars, j'vais vous dire peu ou prou ce que j'avais dit après Requiem pour un massacre : est-ce que j'avais vraiment besoin d'un film de plus pour savoir que la guerre c'est atroce ? Et puis est-ce que je ne suis pas en droit de voir, derrière cet énième effort de représentation horrifique, l'orgueil d'un réalisateur qui veut montrer qu'il est capable de dégoûter dans la cour des grands ? C'est pas pour dire que c'est "mal" fait, ou que ça ne marque pas, mais je ne tiens pas pour acquis le fait que ressentir des choses au cinéma, être remué, soit nécessairement une raison pour que j'acclame ou que je conseille le film qui en est responsable. Et je ne soutiens pas le contraire non plus ; je veux avant tout mettre le doigt sur un débat trop expéditivement ignoré à mon goût.

Redirection vers mon commentaire il y a six mois, où j'avais fait plus d'efforts que ce soir...

L'efficacité de Hacksaw Ridge (dans le sens : ce qui permet à Mel Gibson d'accomplir ce qu'il vise, mais pas forcément ce que je cherche) repose en bonne partie sur l'idéalisme de son personnage principal, pour une part vertu, pour l'autre part naïveté. Ces traits, pas franchement les plus originaux dans les films de guerre, sont remarquablement reflétés par la mise en scène, et c'est ce qui permet au film de vraiment se démarquer.

Vertu dans l'iconographie chrétienne disséminée, avec plus ou moins de délicatesse, particulièrement dans la seconde moitié du film (après le Full Metal Jacket du pauvre) : Desmond le repenti et ses apôtres camarades de combat, le baptême pour nettoyer le sang qui couvre le visage, les stigmates dus à la corde, l'Ascension à la fin du sauvetage, etc.

Naïveté dans la pauvreté relative du dispositif cinématographique. Zéro originalité et du régurgitage d'effets bateau du cinéma hollywoodien : ralentis, chœurs à fond, jump scares, dynamiques basiques entre personnages, etc. Mais en même temps ça marche pas trop mal, parce que Gibson y va au premier degré sans aucune hésitation, du coup pour le spectateur volontaire (et je l'étais), l'émotion s'avère souvent au rendez-vous.