Beeswing

un jeu de Jack King-Spooner (2014)

Notes éparses. Premier contact, sentimentalité à la Garden State, ou Night in the Woods. Mais : la familiarité dissonnante d'Animal Collective ; les voix enfouies de Godspeed You! Black Emperor ; la franchise désarmante de Devon Welsh.

Œuvre éminemment subjective. Le narrateur et créateur s'adresse à nous et aux autres, il n'est pas un homme anonyme et muet. Virages incessants dans les représentations graphiques, quatrième mur brisé non par le texte, mais par le cadre (support de dessin apparent). Cohérence pourtant incontestable. Tout passe au filtre d'un nihilisme désolé, au risque du ridicule. Jardin d'enfants juste à côté du cimetière. Parfois, contradictions (acceptables, justes) d'un dialogue à l'autre. Auto-dérision ? Perte complète de repères ?

Le slacker qui se charge d'aider Andy, Danny, de retrouver Ben. Détournement du système habituel de missions : le héros est impuissant, les objectifs se remplissent d'eux-mêmes, avec le passage du temps. Ben, l'ami d'enfance, n'a plus rien à te dire. Vouloir recapturer un monde dont tu t'es aliéné. Illusion du retour. Dans les dialogues, thème récurrent du souci pour l'autre, mais mal placé : pitié à l'égard d'une femme en chaise roulante, euthanasie affreuse de l'oisillon tombé du nid, voisins indifférents à ton empathie, etc.

Détournement aussi de la philosophie des NPCs. Monologues souvent longs et lourds, sans préambule, qui choquent par rapport aux mondanités habituelles. Caractère des NPCs, certes, mais caractère/langage unique : celui du créateur. Égocentrisme discutable.

Préoccupation de la santé mentale (autisme, TOC, schizophrénie, mémoire défaillante), mais sans prétendre à la représentation (vs. Sea of Solitude qui s'est persuadé de son universalisme...) Rôle trouble de la télévision, un opium pas forcément condamné.