Arrivé au milieu de la vingtaine de vingtaines de minutes d'Andy Richter Controls the Universe, après un épisode qui se moque des cancéreux, puis un autre homophobe, puis un autre xénophobe, le spectateur est en droit de s'interroger : quel genre de production a pu mener à une telle débâcle ?
Le pilote, sans être une pépite d'humour, était tout de même honnête. Andy Richter se voudrait écrivain, mais la paresse et l'auto-complaisance ne l'ont mené qu'à un poste anonyme de rédacteur technique dans une grande entreprise impersonnelle. L'opium de sa vie plutôt minable et sans relief, c'est son imagination fertile. Quand il raconte son quotidien, Andy verse en effet facilement dans l'excès. S'il a un faible pour la réceptionniste, les lumières s'éteignent quand il lui dit bonjour, la musique s'épanouit en volutes lyriques, et la scène passe pour un pastiche de comédie romantique. Si son collègue est un bonhomme à qui tout semble réussir, alors ceux qui ont pensé un moment lui donner une mission pénible s'excusent platement et lui offrent une enveloppe pleine d'argent en acte de contrition. Ces projections mentales forment l'essentiel des gags, mais suffisent pour passer un bon moment. La plupart d'entre elles ne débordent pas d'originalité, et les rires viennent plus de répliques pointues et bien trouvées que de ces petites constructions, mais la mise en scène sobre et efficace fait passer la pilule. En bref, un pilote presque prometteur.
Cependant, la suite ne parvient pas à décoller. Les scénaristes continuent de parsemer leurs épisodes des gentils délires d'Andy, mais il est difficile de maquiller les côtés plus pathétiques du reste de sa vie, qu'il s'agisse de ses accomplissements inexistants ou de sa personnalité vaguement geignarde et franchement pas attachante. Ses quatre amis, pas toujours correctement interprétés, peinent à exister en-dehors des intrigues insignifiantes et ne suscitent guère plus d'empathie. La fin de la saison est assez catastrophique, l'indifférence s'effaçant devant la gêne et le dégoût alors que la série tente (sans aucune conviction) de blaguer sur l'homosexualité, et s'abîme dans les clichés qu'elle espérait peut-être dénoncer.
En-dehors de son premier épisode, qui traîne les irlandais dans la boue pour une raison qui m'a grossièrement échappé, la saison 2 ne tente jamais de faire pire, mais adopte tout de même un rythme pépère de médiocrité constante. Les smash cuts qui concluent les scènes fantasmées sont constamment accompagnés d'un bruitage de pellicule rembobinée qui finit par taper sur les nerfs. La série se perd dans des constructions usées jusqu'à l'os, tambouille de quiproquos moribonds et de rivalités artificielles entre personnages sans épaisseur, sur un fond musical qui concentre tout le rock kitch des années 90. Andy régresse à un stade d'ado capricieux, et sa bêtise et son égocentrisme sont d'autant plus frustrants qu'il ne récolte jamais les baffes qu'on souhaiterait lui distribuer. La fin du voyage se fait attendre, et la série n'est plus qu'alimentaire, dans le sens où Victor Fresco et son équipe semblent l'avoir développée avec une paresse extrême, recyclant des schémas prémâchés pour récupérer leurs chèques à la fin du mois, la queue basse, la conscience nauséeuse.
En dépit d'un titre interminable et d'un concept potentiellement sympathique, ARCTU ne mérite donc aucune attention. Le seul compliment qu'on puisse lui faire est d'avoir servi d'embryon pour l'autre sitcom de bureau signée par Fresco, Better Off Ted. Cynique, pertinente et bien jouée, celle-ci ne méritait pas d'être annulée après deux saisons. ARCTU, de son côté, n'aurait pas dû dépasser le pilote.
Andy Richter ne contrôle pas ma répulsion
Arrivé au milieu de la vingtaine de vingtaines de minutes d'Andy Richter Controls the Universe, après un épisode qui se moque des cancéreux, puis un autre homophobe, puis un autre xénophobe, le spectateur est en droit de s'interroger : quel genre de production a pu mener à une telle débâcle ?
Le pilote, sans être une pépite d'humour, était tout de même honnête. Andy Richter se voudrait écrivain, mais la paresse et l'auto-complaisance ne l'ont mené qu'à un poste anonyme de rédacteur technique dans une grande entreprise impersonnelle. L'opium de sa vie plutôt minable et sans relief, c'est son imagination fertile. Quand il raconte son quotidien, Andy verse en effet facilement dans l'excès. S'il a un faible pour la réceptionniste, les lumières s'éteignent quand il lui dit bonjour, la musique s'épanouit en volutes lyriques, et la scène passe pour un pastiche de comédie romantique. Si son collègue est un bonhomme à qui tout semble réussir, alors ceux qui ont pensé un moment lui donner une mission pénible s'excusent platement et lui offrent une enveloppe pleine d'argent en acte de contrition. Ces projections mentales forment l'essentiel des gags, mais suffisent pour passer un bon moment. La plupart d'entre elles ne débordent pas d'originalité, et les rires viennent plus de répliques pointues et bien trouvées que de ces petites constructions, mais la mise en scène sobre et efficace fait passer la pilule. En bref, un pilote presque prometteur.
Cependant, la suite ne parvient pas à décoller. Les scénaristes continuent de parsemer leurs épisodes des gentils délires d'Andy, mais il est difficile de maquiller les côtés plus pathétiques du reste de sa vie, qu'il s'agisse de ses accomplissements inexistants ou de sa personnalité vaguement geignarde et franchement pas attachante. Ses quatre amis, pas toujours correctement interprétés, peinent à exister en-dehors des intrigues insignifiantes et ne suscitent guère plus d'empathie. La fin de la saison est assez catastrophique, l'indifférence s'effaçant devant la gêne et le dégoût alors que la série tente (sans aucune conviction) de blaguer sur l'homosexualité, et s'abîme dans les clichés qu'elle espérait peut-être dénoncer.
En-dehors de son premier épisode, qui traîne les irlandais dans la boue pour une raison qui m'a grossièrement échappé, la saison 2 ne tente jamais de faire pire, mais adopte tout de même un rythme pépère de médiocrité constante. Les smash cuts qui concluent les scènes fantasmées sont constamment accompagnés d'un bruitage de pellicule rembobinée qui finit par taper sur les nerfs. La série se perd dans des constructions usées jusqu'à l'os, tambouille de quiproquos moribonds et de rivalités artificielles entre personnages sans épaisseur, sur un fond musical qui concentre tout le rock kitch des années 90. Andy régresse à un stade d'ado capricieux, et sa bêtise et son égocentrisme sont d'autant plus frustrants qu'il ne récolte jamais les baffes qu'on souhaiterait lui distribuer. La fin du voyage se fait attendre, et la série n'est plus qu'alimentaire, dans le sens où Victor Fresco et son équipe semblent l'avoir développée avec une paresse extrême, recyclant des schémas prémâchés pour récupérer leurs chèques à la fin du mois, la queue basse, la conscience nauséeuse.
En dépit d'un titre interminable et d'un concept potentiellement sympathique, ARCTU ne mérite donc aucune attention. Le seul compliment qu'on puisse lui faire est d'avoir servi d'embryon pour l'autre sitcom de bureau signée par Fresco, Better Off Ted. Cynique, pertinente et bien jouée, celle-ci ne méritait pas d'être annulée après deux saisons. ARCTU, de son côté, n'aurait pas dû dépasser le pilote.