Walden

un livre de Henry David Thoreau (1854)

Entre ma poursuite d'autonomie et ma croyance en le potentiel d'inspiration sans bornes de la nature, je me suis crue transcendantaliste pendant quelques années. Et puis j'ai voulu aller aux sources, et lire Thoreau. Ignorant comme je pouvais le moralisme pénible et le lyrisme abscons de sa prose, j'ai découvert un homme qui tuait l'ennui par le labeur, et dont les extases n'étaient pas moins arbitraires et éphémères que les miennes. J'envie la qualité paisible de sa routine recluse, mais j'y vois aussi une certaine stérilité, un glissement vers une stase mortifère que Thoreau lui-même a dû éprouver avant de décider de retourner à la société au bout de deux ans. L'absence de commentaire à ce sujet me semble d'ailleurs pour le moins curieuse, et je serais tentée d'y lire un désir pas tout à fait honnête de camoufler les limites de son expérience pour mieux s'auto-valider. Dans tous les cas, le livre m'aura permis de résorber mon fantasme de solitude béate sans avoir à construire de cabane d'ermite dans un endroit reculé, et je suis satisfaite de m'être épargné de vains efforts.