Quinze ans après les niaiseries de Singin' in the Rain, Stanley Donen livre une fresque amoureuse d'une maturité inattendue. Sur le dispositif narratif, déjà : a-t-on jamais vu chronologie si éclatée ? Même Hong Sang-soo, qui ne se soucie pas autant d'être rigoureux dans la construction de ses personnages, est plus ténu dans ses expérimentations ! Les quatre (?) lignes temporelles s'emmêlent, et la progression du récit n'est pas calquée sur un tic-tac mécanique mais sur l'intensité des émotions vécues (le scénario culminant simultanément avec l'amour invincible de la jeunesse et l'amertume des mariés désabusés). À y repenser, c'est assez similaire à la construction de nombreux films choraux, si ce n'est qu'avec Two for the Road, on se déplace dans le temps au lieu de changer de personnages. Et pourquoi pas avancer qu'il s'agit, dans tous les cas, de translations d'identités...
Le fond de l'histoire n'est pas moins riche. Avec ce montage facétieux et omnipotent, qui permet de juger instantanément de la tenue des promesses et (surtout) de la déliquescence des idéaux, les failles du standard monogame et sexiste sont mises au jour avec une intensité inédite. Prises d'otage émotionnelles, frustrations sexuelles, obstacles à l'accomplissement... Le mariage est un croque-mitaine dont on blague dans sa jeunesse ; l'erreur n'est pas de s'y livrer, mais de commencer à croire qu'il constitue une excuse pour l'instauration d'une routine de compromis et d'insatisfactions.
Quinze ans après les niaiseries de Singin' in the Rain, Stanley Donen livre une fresque amoureuse d'une maturité inattendue. Sur le dispositif narratif, déjà : a-t-on jamais vu chronologie si éclatée ? Même Hong Sang-soo, qui ne se soucie pas autant d'être rigoureux dans la construction de ses personnages, est plus ténu dans ses expérimentations ! Les quatre (?) lignes temporelles s'emmêlent, et la progression du récit n'est pas calquée sur un tic-tac mécanique mais sur l'intensité des émotions vécues (le scénario culminant simultanément avec l'amour invincible de la jeunesse et l'amertume des mariés désabusés). À y repenser, c'est assez similaire à la construction de nombreux films choraux, si ce n'est qu'avec Two for the Road, on se déplace dans le temps au lieu de changer de personnages. Et pourquoi pas avancer qu'il s'agit, dans tous les cas, de translations d'identités...
Le fond de l'histoire n'est pas moins riche. Avec ce montage facétieux et omnipotent, qui permet de juger instantanément de la tenue des promesses et (surtout) de la déliquescence des idéaux, les failles du standard monogame et sexiste sont mises au jour avec une intensité inédite. Prises d'otage émotionnelles, frustrations sexuelles, obstacles à l'accomplissement... Le mariage est un croque-mitaine dont on blague dans sa jeunesse ; l'erreur n'est pas de s'y livrer, mais de commencer à croire qu'il constitue une excuse pour l'instauration d'une routine de compromis et d'insatisfactions.