Procrastination et misère sentimentale : programme alléchant du troisième long-métrage de Nuri Bilge Ceylan. Le scénario est comme attendu taciturne, bien qu'il jongle finalement avec des réflexions déjà très proches de Winter Sleep. (Pour rappel, sur la forme, la logorrhée de la Palme 2014 vaut pour antithèse de son cinéma, conçue en partie comme réponse à ses détracteurs.)
Il est tentant d'inscrire Uzak dans une discussion sur l'impasse de la communication, mais le raccourci critique serait d'autant plus cliché qu'il est erroné : l'erreur des deux colocataires qui érodent peu à peu leurs patiences respectives jusqu'à un mépris mutuel, c'est justement de ne pas ouvrir la bouche pour faire savoir ce qu'ils ont en tête. Quand enfin l'un décide de confronter l'autre, ils se mettent un peu sur la tronche, mais ça passe vite et l'ambiance de l'appartement s'assainit plutôt.
Finalement, de ces deux hypocrites à plaindre, le plus triste n'est peut-être pas l'exilé rural qui stalke des femmes et leur jette des regards mi-m'as-tu-vu, mi-apitoyés sans jamais oser les aborder, mais plutôt l'intellectuel déchu, aveugle dans sa condition déplorable, prêt à interrompre le Stalker (coïncidence ? je ne pense pas) de Tarkovski pour lancer un porno dès qu'il se retrouve seul, honteux au point d'accuser un homme de vol et d'insulter sa dignité puis de refuser de s'excuser malgré s'être aperçu de son erreur, enfermé dans des missions commerciales de compositions photographiques qui dévoient sa sensibilité artistique, incapable enfin d'aller de l'avant contrairement à son ex-femme, et même son hôte...
Procrastination et misère sentimentale : programme alléchant du troisième long-métrage de Nuri Bilge Ceylan. Le scénario est comme attendu taciturne, bien qu'il jongle finalement avec des réflexions déjà très proches de Winter Sleep. (Pour rappel, sur la forme, la logorrhée de la Palme 2014 vaut pour antithèse de son cinéma, conçue en partie comme réponse à ses détracteurs.)
Il est tentant d'inscrire Uzak dans une discussion sur l'impasse de la communication, mais le raccourci critique serait d'autant plus cliché qu'il est erroné : l'erreur des deux colocataires qui érodent peu à peu leurs patiences respectives jusqu'à un mépris mutuel, c'est justement de ne pas ouvrir la bouche pour faire savoir ce qu'ils ont en tête. Quand enfin l'un décide de confronter l'autre, ils se mettent un peu sur la tronche, mais ça passe vite et l'ambiance de l'appartement s'assainit plutôt.
Finalement, de ces deux hypocrites à plaindre, le plus triste n'est peut-être pas l'exilé rural qui stalke des femmes et leur jette des regards mi-m'as-tu-vu, mi-apitoyés sans jamais oser les aborder, mais plutôt l'intellectuel déchu, aveugle dans sa condition déplorable, prêt à interrompre le Stalker (coïncidence ? je ne pense pas) de Tarkovski pour lancer un porno dès qu'il se retrouve seul, honteux au point d'accuser un homme de vol et d'insulter sa dignité puis de refuser de s'excuser malgré s'être aperçu de son erreur, enfermé dans des missions commerciales de compositions photographiques qui dévoient sa sensibilité artistique, incapable enfin d'aller de l'avant contrairement à son ex-femme, et même son hôte...