A force de le voir cité dans plein d'articles, j'ai fini par lire Trouble dans le genre / Gender Trouble, de Judith Butler. C'était très moyen.
Il y a trois parties, inégales, et la première était la plus intéressante. C'était une proposition d'analyse des constructions de concepts de genre, de sexe, de corps. L'approche et le thème m'ont beaucoup rappelé Foucault, en bien.
La deuxième partie fait un full virage psychanalytique. Ça cite Kristeva et Freud et Lacan à tour de bras dans des échafaudages sans queue ni tête, pour aboutir toujours aux mêmes bêtises ("aux fondements du genre se trouve le tabou de l'inceste et le tabou antérieur de l'homosexualité", etc.) Du grand n'importe quoi, j'étais sidérée.
Le dernier tiers est plus décousu, c'est en gros une succession de 3-4 commentaires d'autres textes. Il n'y a pas vraiment de liant, ça ressemble plus à diverses études fortuitement rassemblées pour publication, dans la tradition académique. Il y a quelques remarques qui passent pour être intéressantes, et en même temps la psychanalyse repointe son nez ici et là. Il y a quand même, à la fin, la seule dizaine de pages de tout le livre qui se soucie d'être actionnable (l'encouragement à la pratique du drag, comme moyen de mettre en évidence l'artificialité du genre et d'affaiblir les discours naturalisants).
Je dirais que la première partie vaut le détour, pour ses apports théoriques aux fondements d'un féminisme non essentialiste. En même temps je reste gênée par le parti pris de refuser tout apport empirique. Des personnes trans se sont très bien détachées de leur sexe assigné, sans attendre une justification théorique de la possibilité de leurs actes. Pourquoi est-ce que Butler s'est tellement tenu.e à distance de ces considérations immédiates, y préférant même les élucubrations de la psychanalyse ? Est-ce que, en définitive, son apport ici ne se résumerait pas à intégrer au corpus académique des savoirs et des phénomènes déjà concrètement éprouvés ?
A force de le voir cité dans plein d'articles, j'ai fini par lire Trouble dans le genre / Gender Trouble, de Judith Butler. C'était très moyen.
Il y a trois parties, inégales, et la première était la plus intéressante. C'était une proposition d'analyse des constructions de concepts de genre, de sexe, de corps. L'approche et le thème m'ont beaucoup rappelé Foucault, en bien.
La deuxième partie fait un full virage psychanalytique. Ça cite Kristeva et Freud et Lacan à tour de bras dans des échafaudages sans queue ni tête, pour aboutir toujours aux mêmes bêtises ("aux fondements du genre se trouve le tabou de l'inceste et le tabou antérieur de l'homosexualité", etc.) Du grand n'importe quoi, j'étais sidérée.
Le dernier tiers est plus décousu, c'est en gros une succession de 3-4 commentaires d'autres textes. Il n'y a pas vraiment de liant, ça ressemble plus à diverses études fortuitement rassemblées pour publication, dans la tradition académique. Il y a quelques remarques qui passent pour être intéressantes, et en même temps la psychanalyse repointe son nez ici et là. Il y a quand même, à la fin, la seule dizaine de pages de tout le livre qui se soucie d'être actionnable (l'encouragement à la pratique du drag, comme moyen de mettre en évidence l'artificialité du genre et d'affaiblir les discours naturalisants).
Je dirais que la première partie vaut le détour, pour ses apports théoriques aux fondements d'un féminisme non essentialiste. En même temps je reste gênée par le parti pris de refuser tout apport empirique. Des personnes trans se sont très bien détachées de leur sexe assigné, sans attendre une justification théorique de la possibilité de leurs actes. Pourquoi est-ce que Butler s'est tellement tenu.e à distance de ces considérations immédiates, y préférant même les élucubrations de la psychanalyse ? Est-ce que, en définitive, son apport ici ne se résumerait pas à intégrer au corpus académique des savoirs et des phénomènes déjà concrètement éprouvés ?