Tout ce que le ciel permet

All That Heaven Allows

un film de Douglas Sirk (1955)

vu le 10 août 2016
à la Filmothèque du Quartier Latin

Impossible de s'empêcher de penser à la pub Lancôme. Dans un monde fait de diktats et de conventions, y aurait-il une autre voie ?

All that Heaven Allows est sans doute la première source d'inspiration pour le Far From Heaven de Todd Haynes. Heureusement, en ce qui me concerne, l'original est bien meilleur que la copie. C'est un mélo sincère, d'une grande classe, avec des répliques incisives comme dans les bons Woody Allen, et d'excellentes performances de la part du couple principal (Jane Wyman et Rock Hudson).

On a donc une veuve moyennement jeune qui s'éprend d'un beau mec. Le fait que madame ait toujours mené une vie très respectable faite de fausses amies babillantes, de soirées barbantes et de silences polis, ça fait beaucoup jaser dans la bourgade hypocrite de Stoningham. Il faut aussi prendre en compte la dizaine d'années de différence entre les deux tourtereaux, et puis la philosophie de vie très personnelle de monsieur, qui refuse catégoriquement de jouer les règles de cette société qu'il méprise et de s'imposer la compagnie de tels parasites (fort à raison, si vous voulez mon avis). Pour ne rien arranger, madame a deux gamins de vingt ans dégoûtés par cette idylle qui n'a rien à voir avec feu leur papa.

Le programme pour la fille, du coup, sera d'apprendre qu'elle a le droit de vivre comme elle l'entend. La nocivité des ragots tient avant tout à l'importance qu'elle leur prête : il vaut parfois mieux les ignorer que de s'évertuer à raisonner une peuplade mesquine et obtuse. Bref, l'amour est plus fort que tout, et comme c'est joliment écrit et mis en scène, j'étais tout guimauve.