Je me sentais tenu en otage par la narration. Les scènes se succèdent et se ressemblent, la fille se montre terriblement odieuse, le père essaye de lui arracher des sourires. C'est épuisant. Un peu drôle, un poil forcé, essentiellement juste, mais éreintant. Rien ne justifiait cette durée gargantuesque.
La question est alors de savoir si ce qui est juste mérite qu'on y assiste. Dans mon cas, la réponse est non. Cette histoire, je la connais, je l'ai vécue. J'ai été froid et distant avec mes parents, les torts étaient partagés, on ne se comprenait plus. On a mis quelques années à désamorcer la situation. Quant à tout le contexte professionnel ultralibéral, c'est exactement les illusions d'ambition et de fortune que j'ai fuies à ma sortie d'école d'ingé. Oui, l'histoire est exacte, elle est juste, mais elle est passée. Je n'avais pas besoin de revoir le même drame se dérouler devant mes yeux ; non seulement je n'avais rien à découvrir, mais en plus c'est gênant, pénible, pas agréable. L'histoire n'est pas atroce, loin de là, mais je revendique pleinement le droit de n'en avoir rien à faire.
Ce qui aurait pu sauver le film, et ce qui élève n'importe quelle histoire en fait, c'est le travail de mise en scène. Mais Maren Ade, que je ne connaissais pas, s'avère très ascétique. On est entre le kitchen sink realism anglais et ses successeurs actuels de l'Europe de l'Est (que j'avais justement pris soin d'éviter en omettant d'aller voir Sieranevada). C'est froid, très peu mis en forme, brut sans qu'on puisse parler d'épuré. Des champs-contrechamps comme des lumières blanches qu'on te braquerait au visage, des acteurs prisonniers de l'impuissance de leurs personnages, une photographie simple et austère... Encore une fois, c'est juste, mais ça ne veut pas dire que c'est pertinent. Toni Erdmann, en somme, relève plus du scénario que du film. Et même ça, ça ne veut pas dire qu'il fallait compenser avec une heure de scènes en trop.
Bref, j'ai cédé, je suis parti. J'ai fait taire mon instinct primal qui était curieux de la conclusion, mais que ça se finisse bien ou pas, au fond je m'en moque. Maren Ade a grillé toutes ses cartouches et perdu ma confiance en délayant à mort son affaire. J'ai atteint le stade où j'étais sûr que gagner une heure de sommeil valait mieux qu'assister à la suite, quels que soient les maigres retournements qu'elle avait réservés.
Je suis parti au bout de 1h30.
Je me sentais tenu en otage par la narration. Les scènes se succèdent et se ressemblent, la fille se montre terriblement odieuse, le père essaye de lui arracher des sourires. C'est épuisant. Un peu drôle, un poil forcé, essentiellement juste, mais éreintant. Rien ne justifiait cette durée gargantuesque.
La question est alors de savoir si ce qui est juste mérite qu'on y assiste. Dans mon cas, la réponse est non. Cette histoire, je la connais, je l'ai vécue. J'ai été froid et distant avec mes parents, les torts étaient partagés, on ne se comprenait plus. On a mis quelques années à désamorcer la situation. Quant à tout le contexte professionnel ultralibéral, c'est exactement les illusions d'ambition et de fortune que j'ai fuies à ma sortie d'école d'ingé. Oui, l'histoire est exacte, elle est juste, mais elle est passée. Je n'avais pas besoin de revoir le même drame se dérouler devant mes yeux ; non seulement je n'avais rien à découvrir, mais en plus c'est gênant, pénible, pas agréable. L'histoire n'est pas atroce, loin de là, mais je revendique pleinement le droit de n'en avoir rien à faire.
Ce qui aurait pu sauver le film, et ce qui élève n'importe quelle histoire en fait, c'est le travail de mise en scène. Mais Maren Ade, que je ne connaissais pas, s'avère très ascétique. On est entre le kitchen sink realism anglais et ses successeurs actuels de l'Europe de l'Est (que j'avais justement pris soin d'éviter en omettant d'aller voir Sieranevada). C'est froid, très peu mis en forme, brut sans qu'on puisse parler d'épuré. Des champs-contrechamps comme des lumières blanches qu'on te braquerait au visage, des acteurs prisonniers de l'impuissance de leurs personnages, une photographie simple et austère... Encore une fois, c'est juste, mais ça ne veut pas dire que c'est pertinent. Toni Erdmann, en somme, relève plus du scénario que du film. Et même ça, ça ne veut pas dire qu'il fallait compenser avec une heure de scènes en trop.
Bref, j'ai cédé, je suis parti. J'ai fait taire mon instinct primal qui était curieux de la conclusion, mais que ça se finisse bien ou pas, au fond je m'en moque. Maren Ade a grillé toutes ses cartouches et perdu ma confiance en délayant à mort son affaire. J'ai atteint le stade où j'étais sûr que gagner une heure de sommeil valait mieux qu'assister à la suite, quels que soient les maigres retournements qu'elle avait réservés.