Teorema est aux antipodes de l'agressivité graphique de Salò, mais les deux films partagent une même révolte contre la bourgeoisie. Terence Stamp, magnétique, vient bouleverser les préjugés (sentimentaux, sociaux, économiques, sexuels, artistiques...) de chacun des quatre membres d'une famille italienne cossue. Dans un second temps, abandonnés à eux-mêmes, ils s'auto-détruisent un à un, incapables d'embrasser les idéologies révolutionnaires malgré la grâce qui leur a été accordée. Peut-être en fait s'agissait-il d'une mise à mort plutôt que d'une épiphanie...
L'esthétique de Pasolini, froide et méthodique, dont Lanthimos est sans doute redevable, était suffisamment déterminée pour maintenir mon attention. Mais sur le plan thématique, je dois avouer que certaines positions me laissent perplexe. Si je ne m'abuse, le théorème éponyme consiste en "un bourgeois est et restera toujours bourgeois", seulement la démonstration démarre de cas particuliers, et bien que le raisonnement soit maîtrisé, je ne peux pas croire à l'universalité de la conclusion. Pasolini et Marx diraient sans doute : c'est normal, je défends mon propre système... le problème étant que je me sens plus proche de l'esprit libéré qu'il promeut que de la pensée figée qu'ils cherchent à abattre.
Je suis encore plus sceptique sur le rôle de la religion dans cette affaire. D'un côté l'ange perturbateur est figuré avec une représentation nettement athée ; de l'autre la domestique qui incarne le prolétariat et renonce avec dignité à ses aspirations matérialistes illusoires, est sanctifiée selon une imagerie franchement chrétienne. Où peut donc mener son ultime sacrifice, si les appartements qui feront sa tombe seront investis par des familles tout aussi figées que celle condamnée auparavant ? Ça fait pas mal de contradictions apparentes, et j'ai l'impression que plusieurs éléments de réponse sont à dénicher dans la littérature, mais laissent le film incomplet...
Teorema est aux antipodes de l'agressivité graphique de Salò, mais les deux films partagent une même révolte contre la bourgeoisie. Terence Stamp, magnétique, vient bouleverser les préjugés (sentimentaux, sociaux, économiques, sexuels, artistiques...) de chacun des quatre membres d'une famille italienne cossue. Dans un second temps, abandonnés à eux-mêmes, ils s'auto-détruisent un à un, incapables d'embrasser les idéologies révolutionnaires malgré la grâce qui leur a été accordée. Peut-être en fait s'agissait-il d'une mise à mort plutôt que d'une épiphanie...
L'esthétique de Pasolini, froide et méthodique, dont Lanthimos est sans doute redevable, était suffisamment déterminée pour maintenir mon attention. Mais sur le plan thématique, je dois avouer que certaines positions me laissent perplexe. Si je ne m'abuse, le théorème éponyme consiste en "un bourgeois est et restera toujours bourgeois", seulement la démonstration démarre de cas particuliers, et bien que le raisonnement soit maîtrisé, je ne peux pas croire à l'universalité de la conclusion. Pasolini et Marx diraient sans doute : c'est normal, je défends mon propre système... le problème étant que je me sens plus proche de l'esprit libéré qu'il promeut que de la pensée figée qu'ils cherchent à abattre.
Je suis encore plus sceptique sur le rôle de la religion dans cette affaire. D'un côté l'ange perturbateur est figuré avec une représentation nettement athée ; de l'autre la domestique qui incarne le prolétariat et renonce avec dignité à ses aspirations matérialistes illusoires, est sanctifiée selon une imagerie franchement chrétienne. Où peut donc mener son ultime sacrifice, si les appartements qui feront sa tombe seront investis par des familles tout aussi figées que celle condamnée auparavant ? Ça fait pas mal de contradictions apparentes, et j'ai l'impression que plusieurs éléments de réponse sont à dénicher dans la littérature, mais laissent le film incomplet...