The Servant

un film de Joseph Losey (1963)

vu le 3 février 2016 au Christine 21

Ca me fait penser à Hitchcock qui aurait voulu écrire du Huysmans. Le scénario infuse une pointe de mystère et de danger dans un cadre déliquescent, jouant de la confusion des sentiments, des genres, des relations de servitude, pour plonger son personnage principal dans un état de négligence irrécupérable. Le travail de Douglas Slocombe (aussi chef op' et nominé, vingt ans plus tard, pour les deux premiers Indiana Jones !) joue beaucoup dans l'appréciation de l'ensemble. Les mouvements de caméra collent très bien à l'ambiance un peu baroque, un peu traînante, et il n'est pas excessif de parler de travail de référence vis-à-vis de la construction des plans en profondeur. Entre ça et la direction d'acteurs, dont les interprétations impeccables n'amènent jamais les personnages où on voudrait les trouver, Joseph Losey égrène les détails déroutants et doucereux qui font au final, plus que l'histoire, la véritable saveur de son film. La conclusion, abrupte et acide, achève de placer The Servant parmi les œuvres très en avance sur leur temps. La restauration était de ce fait pleinement méritée.