Stalker

un film de Andrei Tarkovsky (1979)

vu le 12 juillet 2016 au Desperado

J'ai beaucoup d'estime pour la maestria technique de Tarkovski et pour son originalité. Je suis plus partagé vis-à-vis de sa constante morgue. Quant à sa philosophie, c'est bien simple, je suis franchement pas intéressé, et presque contre.

J'ai déjà exposé ailleurs mes positions camusiennes, en particulier que l'absence d'espoir face à la vie n'est pas synonyme d'un désespoir malheureux. Non seulement Tarkovski défend sa foi comme un chien affamé défendrait son os (voir le monologue final du stalker, touchant mais misérable, et aussi un peu prétentieux et condescendant...), mais en plus il le fait sans la moindre joie, comme s'il était en partie conscient du mensonge qu'il perpétuait mais refusait de l'admettre devant son public.

Même si sa mise en scène ne manifeste qu'une froide estime à leur égard, c'est vrai qu'il respecte un temps de parole réglementaire pour le Professeur et l'Écrivain, symboles très littéraux de l'homme voué à la science et l'autre aux arts. Mais à mes yeux, il échoue à confronter leurs points de vue ; les scènes qui en disent le plus à leur sujet sont des monologues et jamais des débats. Tarkovski laisse du coup le sentiment de catégoriser leurs croyances de façon assez bateau, et puis je peux pas dire que le débat lucidité vs. bonheur me semble aussi pertinent que lorsque j'étais lycéen... Il dépeint la foi, la science et la recherche esthétique comme des quêtes irréconciliables. Et c'est juste faux. Quant à sa critique finale des hommes qui s'estiment uniques et animés d'une mission, lui qui semble s'être investi de la mission de prouver aux hommes qu'ils étaient tous crédules et malheureux (à pas grand-chose près), euh, lol.

Bref, j'ai la sensation que je dirais des trucs plus intéressants que Stalker en dissertant sur le sens de la vie à 2h du matin après avoir sifflé quelques bières. C'est dommage parce que l'ambiance SF/urbex de la première heure m'avait pleinement séduit. Tant pis.