Profitant de la sénilité de plus en plus établie de The Big Bang Theory, HBO décide de lancer en 2014 sa propre sitcom pleine de geeks. Comme le nom l'indique, l'action est relocalisée dans la Silicon Valley, vivier hyperactif et halluciné de grosses entreprises informatiques, flanquées d'innombrables start-ups. La recette des blagues n'a par contre guère changé : prenez des types pas très doués pour les interactions sociales, mélangez-les avec des références semi-obscures de culture 2.0, ajoutez de temps en temps une fille bien faite devant laquelle ils vont bafouiller, laissez bouillonner 28 minutes. Pour relever ce mélange un peu fade, la chaîne câblée y saupoudre quand même quelques traces de sa culture trash, ce qui marche très bien dans le dernier épisode de la saison, mais peut aussi se ramasser lamentablement (je pense à une certaine fresque murale). Il m'est arrivé de sourire poliment, vaguement gêné, face à ces grands gamins qui perdent leurs moyens pour une broutille, mais les dialogues ne sont globalement pas très drôles.
Silicon Valley innove ailleurs : en peignant une des premières satires du milieu informatique. Dans l'épisode pilote, le gentil nerd principal travaille encore pour Hooli, grand groupe omnivore, jusqu'au moment où des gens mieux versés dans le business découvrent le potentiel de son nouvel algorithme de compression. Par la suite, chacun va en prendre pour son grade à tous les échelons de l'industrie, développeurs, entrepreneurs, investisseurs, dirigeants, spécialistes de sécurité, avocats... La série, qui se garde à peine de maquiller ses cibles incontournables, Sa Sainteté Steve Jobs ou la secte Google parmi les plus évidentes, devient sensiblement intéressante quand elle se penche sur la farce humaine qui se joue : ces individus lambdas qui se trouvent subitement projetés sur le devant de la scène et maquillent leurs connaissances sous une couche de marketing clinquant, pour rejoindre un monde instable d'argent, de fêtes, de maisons de designer et d'îles artificielles. Making the world a better place. Dommage que le propos ne soit pas plus structuré, car pour quelqu'un qui travaille dans ce domaine et s'est déjà fait ces réflexions (et pour qui les blagues de la série ressemblent un peu trop à des discussions de bureau), Silicon Valley ne m'a pas apporté grand chose.
En fait, la série gagnerait sans doute à investir dans son potentiel de drama. Avec ce dernier épisode où l'équipe se démène pour présenter à l'arrachée un produit qui concurrence la suite logicielle développée par Hooli, l'enjeu comique est secondaire mais le résultat est enfin excitant. Silicon Valley se montre capable d'extraire le féroce du réel, notamment avec ce gamin codeur insupportable (« the Carver ») qui aurait pu naître d'une collision entre The Social Network et Maps to the Stars. Enfin, même s'ils ne bénéficient pas des meilleurs dialogues, les acteurs sont tous bien investis dans leur rôle et développent déjà une bonne alchimie. J'espère que l'agrandissement de Pied Piper annoncé pour la deuxième saison sera l'occasion d'un virage de genre, sans quoi ça se passera sans moi.
Faps to the Stars
Profitant de la sénilité de plus en plus établie de The Big Bang Theory, HBO décide de lancer en 2014 sa propre sitcom pleine de geeks. Comme le nom l'indique, l'action est relocalisée dans la Silicon Valley, vivier hyperactif et halluciné de grosses entreprises informatiques, flanquées d'innombrables start-ups. La recette des blagues n'a par contre guère changé : prenez des types pas très doués pour les interactions sociales, mélangez-les avec des références semi-obscures de culture 2.0, ajoutez de temps en temps une fille bien faite devant laquelle ils vont bafouiller, laissez bouillonner 28 minutes. Pour relever ce mélange un peu fade, la chaîne câblée y saupoudre quand même quelques traces de sa culture trash, ce qui marche très bien dans le dernier épisode de la saison, mais peut aussi se ramasser lamentablement (je pense à une certaine fresque murale). Il m'est arrivé de sourire poliment, vaguement gêné, face à ces grands gamins qui perdent leurs moyens pour une broutille, mais les dialogues ne sont globalement pas très drôles.
Silicon Valley innove ailleurs : en peignant une des premières satires du milieu informatique. Dans l'épisode pilote, le gentil nerd principal travaille encore pour Hooli, grand groupe omnivore, jusqu'au moment où des gens mieux versés dans le business découvrent le potentiel de son nouvel algorithme de compression. Par la suite, chacun va en prendre pour son grade à tous les échelons de l'industrie, développeurs, entrepreneurs, investisseurs, dirigeants, spécialistes de sécurité, avocats... La série, qui se garde à peine de maquiller ses cibles incontournables, Sa Sainteté Steve Jobs ou la secte Google parmi les plus évidentes, devient sensiblement intéressante quand elle se penche sur la farce humaine qui se joue : ces individus lambdas qui se trouvent subitement projetés sur le devant de la scène et maquillent leurs connaissances sous une couche de marketing clinquant, pour rejoindre un monde instable d'argent, de fêtes, de maisons de designer et d'îles artificielles. Making the world a better place. Dommage que le propos ne soit pas plus structuré, car pour quelqu'un qui travaille dans ce domaine et s'est déjà fait ces réflexions (et pour qui les blagues de la série ressemblent un peu trop à des discussions de bureau), Silicon Valley ne m'a pas apporté grand chose.
En fait, la série gagnerait sans doute à investir dans son potentiel de drama. Avec ce dernier épisode où l'équipe se démène pour présenter à l'arrachée un produit qui concurrence la suite logicielle développée par Hooli, l'enjeu comique est secondaire mais le résultat est enfin excitant. Silicon Valley se montre capable d'extraire le féroce du réel, notamment avec ce gamin codeur insupportable (« the Carver ») qui aurait pu naître d'une collision entre The Social Network et Maps to the Stars. Enfin, même s'ils ne bénéficient pas des meilleurs dialogues, les acteurs sont tous bien investis dans leur rôle et développent déjà une bonne alchimie. J'espère que l'agrandissement de Pied Piper annoncé pour la deuxième saison sera l'occasion d'un virage de genre, sans quoi ça se passera sans moi.