Samurai Champloo

une série de Watanabe Shin'ichirō (2004)

Morsay Champion

Ci-dessous, un brouillon malpropre d'abord adressé à ceux qui se sentent seuls de ne pas comprendre la popularité de Samurai Champloo. Avant toute chose, laissez-moi rappeler que j'avais beaucoup d'estime pour Watanabe, du fait de son implication dans Cowboy Bebop...

Au dos de la jaquette : « Hip-hop, samouraïs et tournesol. Une aventure déjantée qui tranche avec le passé ! » C'est aussi ce que je retrouve en survolant les critiques mises en avant sur SC.

Hip-hop : la musique de cet anime se démarque bel et bien de la plupart des productions, mais reste extrêmement secondaire. On est loin de l'intégration parfaite du montage de Cowboy Bebop, ni de l'originalité et la puissance des compositions de Yoko Kanno. Les beats proposés ici par Nujabes, j'aime bien mais on va pas se mentir, au bout d'une minute c'est assez plan-plan... Si ça se retrouvait dans un ascenseur je serais légèrement surpris mais pas franchement gêné, quoi.

Samouraïs : pas l'époque ni les codes qui me séduisent le plus mais pourquoi pas. En définitive les combats de sabre sont les seuls passages de l'anime que je pourrai dire avoir apprécié à chaque fois.

Tournesol : le plus gros foutage de gueule mythologique de l'histoire de la télé. Incessante ressassée, épisode après épisode, du schéma « on a la dalle et pas de fric, donc on va faire un truc quelconque pour bouffer » et l'histoire n'avance jamais. Fuu refuse de parler de pourquoi elle cherche ce gars, et les deux zozos acceptent de la suivre pendant des semaines. Bullshit. Quand finalement on a la confirmation de qui c'est, bon dieu c'était tellement anti-intense. Pour le triple final, on introduit des méchants inconnus et dont on se fout complètement, on parsème de flashbacks qui auraient dû être sortis vingt épisodes plus tôt, et finalement tout le monde rentre chez soi super fringant. Franchement les mecs...

Aventure : alors certes c'est pas la destination qui compte, c'est le voyage. M'enfin c'est bien quand les étapes du voyage varient un peu, parce qu'à part bouffer, chercher de l'argent et tabasser des inconnus, je vois pas trop ce qu'ils ont accompli. Ah oui la gamine s'est faite prendre en otage pendant deux tiers de la série grosso modo. Euh... Et c'est pas comme s'ils avaient franchement tracé des liens entre eux, certes ils se connaissent légèrement plus à la fin mais il y a toujours aucune complicité dans leurs répliques, c'est vraiment triste à suivre.

Déjantée : moui. Quand Samurai Champloo essaye d'être rigolote, en général ça marche. Il y a quelques épisodes où ils le montrent bien, celui des zombies et des tagueurs en particulier, en fait les deux seuls que je retiendrai de la série. Le problème c'est que la plupart du temps, les scénaristes sont plutôt en mode pilote automatique avec des piques et des insultes sans inventivité pour faire semblant d'être drôle. Mais le pire, c'est encore quand ils n'essaient plus du tout, et là on se retrouve avec des assommoirs horribles comme le Mugen-centric ou le triple épisode conclusif...

Qui tranche avec le passé : c'est là où j'en attendais le plus. C'est là-dessus qu'on m'a vendu la série, et ce avec quoi j'aurais tout excusé. Manque de pot, en-dehors des deux épisodes que j'ai cités, j'ai assisté à tout le contraire. Samurai Champloo se réfugie dans des tropes stupides : l'illettré impulsif qui frappe toujours avant de poser des questions, le binoclard taciturne et supérieur, la fillette naïve et sentimentale qui se fait prendre en otage pendant DEUX TIERS de la série (j'en reviens vraiment pas qu'il y ait encore des gens qui fassent ça en 2004), contre un tas de méchants vicieux, débiles et interchangeables. Et puis les deux gars débarquent partout où ils veulent et tatanent le chaland et découpent des bides à tout-va parce qu'ils sont de toute façon imbattables. Chuck Norris n'a qu'à bien se tenir. Au secours ; ça n'a rien de novateur, c'est au contraire rétrograde.

J'espérais aussi un peu que les graphismes seraient surprenants. Mais non, pas du tout. Ils ont manifestement beaucoup investi dans la production, mais le dessin n'a aucun caractère. Zéro rapport avec la jaquette ou le générique.

Ce n'est pas par plaisir que je l'affirme, mais Samurai Champloo ne peut même pas revendiquer d'avoir été pour moi une expérience quelconque : bien plus souvent, c'était vexant et franchement pénible.