Pusher

un film de Nicolas Winding Refn (1996)

J'aime ce que je connais de NWR, mais là après un quart d'heure j'ai déjà envie d'arrêter. C'est Mean Streets au Danemark, avec une caméra à l'épaule et de la sous-exposition. Je sais que je n'arrive pas à faire preuve de patience, mais comment ignorer que j'ai déjà fait le tour de ce que le film peut proposer ?

De base, l'enjeu de réalisme, j'ai tendance à le rejeter ; si j'ai envie de ressentir quelque chose, je préfère le vivre plutôt que d'essayer de m'y projeter sur la base d'un "reportage" (vis-à-vis de l'enjeu de réalisme) nécessairement parcellaire. C'est d'autant plus vrai pour les films de gangster, où je ne comprends pas le plaisir qui peut exister à se figurer dans des tripots miteux avec des vieux mecs louches, à parler tout le temps de drogue, de sexe ou d'argent, avec des gros mots et une virilité artificiellement exacerbée. Quelle vanité. Et quand il n'y a plus rien à (faire semblant de) discuter, c'est la surenchère de violence qui est lancée. Épuisant.

Pire encore : de par ses activités mystérieuses dans un monde parallèle mais proche, le dealer est un figure générique évidente pour que le public y projette ses fantasmes. Aussi, raconter son histoire sous un jour presque documentaire, c'est piétiner ce potentiel, désenchanter le spectateur ! Je ne vois vraiment pas ce que Pusher cherche à accomplir, si ce n'est perpétuer un registre cinématographique qui s'auto-alimente depuis l'époque du Scarface de Howard Hawks.

Que le premier long-métrage de NWR témoigne d'un cinéma de cinéphile fermé sur lui-même, ça ne surprend pas. Je n'attends pas autre chose des autres Pusher, de Bleeder, de Fear X. Pour moi la carrière du gars commencera avec Bronson...