Poetry

Shi

un film de Lee Chang-dong (2010)

Au cinéma, la "poésie", c'est comme la contemplation et l'humanisme : on l'invoque dix fois pour une, parce que c'est plus facile de parler en des termes un peu creux que de chercher à comprendre, et oser juger, des valeurs plus profondes. Poetry, malgré son titre ronflant, n'est pas le désastre que l'on pouvait craindre, mais échoue quand même à transformer sa promesse en autre chose qu'un portrait doux-amer générique et maussade.

La vieille dame nous demande : comment trouver de la beauté dans le monde quand tu laves un vieillard libidineux, que tu perds la mémoire, et que ton petit-fils a violé une gamine pendant plusieurs mois jusqu'à ce qu'elle se suicide ? Ouais, c'est du lourd. Et pourtant le scénario et la mise en scène gardent globalement la tête haute ; on ne touche presque jamais aux glauqueries ridiculement vulgaires de Mother ou de Pieta.

Le film de Lee Changdong respecte son public, et du coup, je l'ai aussi respecté jusqu'au bout. Ce qui ne génère pas pour autant de curiosité. Poetry voudrait étonner avec son lyrisme de supermarché mais, consciemment ou non, se rapproche trop d'une relecture délavée du thriller sud-coréen bateau.