Je sais vraiment pas par quel bout attaquer. L'histoire, les personnages, l'univers, tout fait simple, sobre, mais Jeff Nichols fait du cinéma alors le résultat est merveilleux. Je vois ce plan sur le ciel, qui dure une seconde de trop pour qu'on absorbe bien le reflet bleu fantastique qui s'y est glissé. Je vois Adam Driver qui s'approche du gamin dans une salle complètement blanche, et la lentille qui floute légèrement le sol et les fondements de ses croyances. Je vois le visage de Kirsten Dunst, qui parvient à faire passer l'émerveillement et la terreur ("awe", diraient les anglais) devant ce monde mystérieux et impossible. Je vois Michael Shannon qui court dans une forêt bleutée, si obscure qu'elle en est à peine visible. Je vois Joel Edgerton qui observe de dos une famille dans son ultime moment apaisé. C'est le niveau de maîtrise qui m'avait déjà fait entrer en résonance avec Gone Girl ou Snow Therapy, avec de l'humilité et un amour du travail bien fait. Tant pis si ça sonne pas tout à fait rationnel quand je l'écris ; Midnight Special m'a rapidement séduit malgré une totale absence d'attentes, et je me suis retrouvé dedans d'un bout à l'autre.
Il y a plein de parti pris sujets à controverse, le scénario sans exposition ni vraie résolution, la musique faible en mélodies et forte en vibrations, les dialogues qui se réfugient dans les banalités "are you okay?"... C'est que le film ne veut pas expliquer, il rejette la logique nolanienne et confronte ses personnages à une science-fiction qui les dépasse, qui les laisse sans voix. C'est le même sentiment qui me fait croire que le dernier Godzilla n'était pas à jeter, donc je ne m'attends pas à le voir beaucoup partagé. C'est aussi là-dessus que reposent les nouvelles de Lovecraft, donc peut-être que si en fait. Dans tous les cas, moi ça me parle. Il y a un drame familial sincère et touchant, et il y a une réalité secrète et étourdissante. Jeff Nichols réalise le grand écart avec brio, et Midnight Special est nettement plus noble et passionnant que le divertissement lambda qui m'avait été vendu.
Je sais vraiment pas par quel bout attaquer. L'histoire, les personnages, l'univers, tout fait simple, sobre, mais Jeff Nichols fait du cinéma alors le résultat est merveilleux. Je vois ce plan sur le ciel, qui dure une seconde de trop pour qu'on absorbe bien le reflet bleu fantastique qui s'y est glissé. Je vois Adam Driver qui s'approche du gamin dans une salle complètement blanche, et la lentille qui floute légèrement le sol et les fondements de ses croyances. Je vois le visage de Kirsten Dunst, qui parvient à faire passer l'émerveillement et la terreur ("awe", diraient les anglais) devant ce monde mystérieux et impossible. Je vois Michael Shannon qui court dans une forêt bleutée, si obscure qu'elle en est à peine visible. Je vois Joel Edgerton qui observe de dos une famille dans son ultime moment apaisé. C'est le niveau de maîtrise qui m'avait déjà fait entrer en résonance avec Gone Girl ou Snow Therapy, avec de l'humilité et un amour du travail bien fait. Tant pis si ça sonne pas tout à fait rationnel quand je l'écris ; Midnight Special m'a rapidement séduit malgré une totale absence d'attentes, et je me suis retrouvé dedans d'un bout à l'autre.
Il y a plein de parti pris sujets à controverse, le scénario sans exposition ni vraie résolution, la musique faible en mélodies et forte en vibrations, les dialogues qui se réfugient dans les banalités "are you okay?"... C'est que le film ne veut pas expliquer, il rejette la logique nolanienne et confronte ses personnages à une science-fiction qui les dépasse, qui les laisse sans voix. C'est le même sentiment qui me fait croire que le dernier Godzilla n'était pas à jeter, donc je ne m'attends pas à le voir beaucoup partagé. C'est aussi là-dessus que reposent les nouvelles de Lovecraft, donc peut-être que si en fait. Dans tous les cas, moi ça me parle. Il y a un drame familial sincère et touchant, et il y a une réalité secrète et étourdissante. Jeff Nichols réalise le grand écart avec brio, et Midnight Special est nettement plus noble et passionnant que le divertissement lambda qui m'avait été vendu.