Miami Vice - Deux flics à Miami

Miami Vice

un film de Michael Mann (2006)

Je suis un peu étourdi par le fait d'avoir très rarement compris l'intrigue et ses enjeux en direct. Non que le scénario aille particulièrement vite, ni que le fond de l'histoire, une affaire assez bateau de cartel à infiltrer, soit complexe à appréhender...

Le montage joue là-dedans, j'aurais du mal à le décortiquer mais il m'inspire une sensation de "never look back". Prisonnier du présent, et incapable de se projeter ailleurs. Sauf l'espace d'une ou deux secondes de temps en temps, la caméra dérive vers l'horizon, s'attarde sur l'océan notamment, et laisse les personnages respirer un peu. Tout en les étourdissant par l'immensité du monde qu'ils se refusent à vivre. C'est dans la même veine que le plan de Blackhat qui avait un peu fait jaser, où je ne sais plus qui était en train de s'éteindre sur le pavé et son regard se perdait dans des flaques d'eau. Un sujet, le blues urbain, maintenu au coin de l'œil mais jamais franchement exploré. Je ne le reproche pas à Michael Mann : après Collateral, il avait peut-être envie de raconter autre chose. Mais du coup, Miami Vice c'est surtout de l'actioner, musclé oui, mais pas très stimulant.

A côté des fusillades un peu forcées et des héros barbants dans leur assurance vaniteuse (elle est où, l'empathie magnifique qu'inspirait James Caan dans Thief ?), il me semble que Mann commet deux fautes particulièrement gênantes. La première, c'est d'avoir prétendu que la nana asiat serait un personnage fort, alors que sa trajectoire est pénible à suivre : elle a tôt fait de tomber dans les bras de Colin 'moustachio' Farrell, les bad guys la prennent à leur tour comme femme objet, et puis finalement elle fait une crise de cruche en plein gun fight. Facepalm.

La deuxième, c'est l'accompagnement musical, vraiment trop disparate. En fait je vois bien, en un sens, que l'alternance rapide et diffuse entre les morceaux colle avec le montage visuel. Mais les styles retenus sont trop épars, ne parviennent pas à marquer. On se sent toujours un peu au bord de quelque chose, prêt à sauter à la prochaine étape sans avoir accompli quoi que ce soit. Il serait facile de tourner la chose positivement, parce qu'il s'agit probablement d'un des sentiments que voulait synthétiser Mann... Mais ça m'a surtout déséquilibré ; et utiliser un tel procédé esthétique, ça désamorce les nombreuses séquences en caméra à l'épaule ainsi que les tons numériques qui évoquent du documentaire.