Quoi de mieux qu'une insomnie et un vieux made-for-TV de Mike Leigh pour commencer le mois de septembre, hein.
On la connaît déjà, cette histoire de classe "ouvrière". Meantime est un film plus social que politique, mais l'ombre du thatcherisme plane partout. Sans boulot, sans fric, les Pollocks s'ennuient à mourir, tournent en rond, s'engueulent les uns les autres. Les parents moisissent dans leur appartement en lente décrépitude, les gamins vont cracher leur désœuvrement dans les rues sales. Il y a une tension terrible qui naît de l'inactivité, un peu, de loin, comme dans le Shotgun Stories de Nichols.
On connaît la chanson, et on connaît Mike Leigh, avec ces familles dysfonctionnelles, et cet argot authentique, radical juste avant de devenir démonstratif, et surtout ce respect universel pour tous les gens paumés dans des situations glauques. Le type entretient une estime sans faille pour la dignité humaine. De tous ses films que j'ai pu voir, contrairement à Ken Loach notamment, il n'y en a pas un seul où j'ai eu l'impression qu'il exploitait la misère, qu'il détournait et maquillait à son intérêt la pauvreté. C'est même pas un souci d'être authentique, même pas une préoccupation ; chez lui, c'est tellement nécessaire et évident qu'il s'en dégage un naturel instantané.
Ce que je trouve fort aussi, c'est que la mise en scène n'est pas dépouillée pour autant. Il n'y a rien de sur-esthétisé, mais un travail transparent sur la chorégraphie des acteurs et sur la distance à la caméra, ainsi que quelques notes légères de piano ici et là, empêchent le film de tomber dans une claustrophobie miséreuse. Il y a aussi quelques intrigues annexes, complètement ouvertes, qu'il s'agisse du couple black confronté aux mêmes soucis que les Pollock (le racisme étant brièvement évoqué comme une énième conséquence désastreuse de l'inertie ambiante), ou du réparateur philosophe, à la limite du fantaisiste. Il n'y a rien d'évident, rien de forcé pour rentrer dans le carcan du film, et en définitive c'est juste, équilibré, et touchant.
Mike Leigh n'est pas seulement un cinéaste habile, c'est quelqu'un de bien.
Quoi de mieux qu'une insomnie et un vieux made-for-TV de Mike Leigh pour commencer le mois de septembre, hein.
On la connaît déjà, cette histoire de classe "ouvrière". Meantime est un film plus social que politique, mais l'ombre du thatcherisme plane partout. Sans boulot, sans fric, les Pollocks s'ennuient à mourir, tournent en rond, s'engueulent les uns les autres. Les parents moisissent dans leur appartement en lente décrépitude, les gamins vont cracher leur désœuvrement dans les rues sales. Il y a une tension terrible qui naît de l'inactivité, un peu, de loin, comme dans le Shotgun Stories de Nichols.
On connaît la chanson, et on connaît Mike Leigh, avec ces familles dysfonctionnelles, et cet argot authentique, radical juste avant de devenir démonstratif, et surtout ce respect universel pour tous les gens paumés dans des situations glauques. Le type entretient une estime sans faille pour la dignité humaine. De tous ses films que j'ai pu voir, contrairement à Ken Loach notamment, il n'y en a pas un seul où j'ai eu l'impression qu'il exploitait la misère, qu'il détournait et maquillait à son intérêt la pauvreté. C'est même pas un souci d'être authentique, même pas une préoccupation ; chez lui, c'est tellement nécessaire et évident qu'il s'en dégage un naturel instantané.
Ce que je trouve fort aussi, c'est que la mise en scène n'est pas dépouillée pour autant. Il n'y a rien de sur-esthétisé, mais un travail transparent sur la chorégraphie des acteurs et sur la distance à la caméra, ainsi que quelques notes légères de piano ici et là, empêchent le film de tomber dans une claustrophobie miséreuse. Il y a aussi quelques intrigues annexes, complètement ouvertes, qu'il s'agisse du couple black confronté aux mêmes soucis que les Pollock (le racisme étant brièvement évoqué comme une énième conséquence désastreuse de l'inertie ambiante), ou du réparateur philosophe, à la limite du fantaisiste. Il n'y a rien d'évident, rien de forcé pour rentrer dans le carcan du film, et en définitive c'est juste, équilibré, et touchant.
Mike Leigh n'est pas seulement un cinéaste habile, c'est quelqu'un de bien.