Lo and Behold, Reveries of the Connected World

un film de Werner Herzog (2016)

vu le 8 octobre 2016 au Grand Action

Le plus récent documentaire de Werner Herzog m'a laissé sur ma faim. Organisé en une dizaine de chapitres qui traitent tour à tour de la naissance d'Internet, de harcèlement via les réseaux sociaux, d'intelligence artificielle ou encore de colonies sur Mars, Lo and Behold gambade dans un vaste panorama de problématiques technologiques contemporaines, de préoccupations mi-populaires mi-geek.

Mais la disparité des sujets abordés nuit clairement au projet. Non seulement Herzog n'emmène jamais chacune des réflexions très loin (même s'il peut aborder certains sujets sous des angles assez inédits, il est vrai), mais en plus, il n'y a pas franchement de tentative de réconciliation finale des différents segments. Je ne suis pas convaincu que la spontanéité gagnée en bondissant à l'envi d'une section à la suivante vaille la cohérence d'ensemble, ou même le sentiment de progression, que parviennent à convoquer plusieurs webséries documentaires. Comme en plus j'ai une fibre geek et je me tiens au courant de ce qui se passe dans le monde, cette approche multi-superficielle ne m'a pas appris quoi que ce soit. À qui Herzog s'adresse-t-il, au juste ?

Parce que Lo and Behold ne découvre ni ne révèle pas grand-chose, et sa mise en scène (attachante, à la fois ironique et inquiète, mais presque pastiche de précédents docus du fait de la brièveté des séquences qui ont découragé les expérimentations stylistiques) n'apporte pas beaucoup plus. La question étant rapidement évoquée par un des nombreux intervenants, j'émets l'hypothèse que Herzog s'adresse au futur plutôt qu'au présent. Que ce tour d'horizon se veut une capsule temporelle dont on pourra rire et soupirer et grimacer dans cinquante ans, comme ces voitures volantes qui obsédaient les vieux magazines de science-fiction et dont on attend toujours de voir la couleur. En un sens, si la distribution du docu demeurait confidentielle et qu'il n'était déterré que d'ici plusieurs dizaines d'années, ça correspondrait peut-être mieux à sa vocation.