Lifeboat

un film de Alfred Hitchcock (1944)

A la suite d'un bombardement, une petite dizaine de naufragés, étrangers l'un a l'autre, se retrouvent dans un canot de survie. La dynamique entre les personnages est plutôt bien écrite, sans pour autant être mémorable. Pas beaucoup d'éclats sur la mise en scène non plus : on retient la scène de la tempête, qui fait bien le boulot, et puis une séquence étrange où deux acteurs sont placés de telle sorte que Hitchcock puisse les filmer ou bien face à face, ou bien dos à dos, mais sans que le déplacement de la caméra signifie grand-chose par rapport au dialogue qui se déroule. De façon générale, la scénographie des acteurs a été finement étudiée, mais le résultat (caser avec un minimum d'équilibre un tas de personnages sur une surface très limitée) n'est pas particulièrement séduisant.

Ce que je vais retenir, et qui me gêne le plus, c'est la représentation des allemands. Bien que le scénario évite le manichéisme le plus primaire, il ne se départit pas moins d'un esprit de propagande puant. Spoilers dans la suite. L'allemand qui est recueilli à bord, malgré la confiance que lui accorde les américains bienveillants, complote et les trahit à répétition, à chaque fois avec un sourire en coin. Finalement, alors que le reste de l'équipage est à moitié mort de déshydratation, les gars trouvent la force de tabasser le salaud de nazi et de le jeter par-dessus bord. L'épilogue est encore plus aberrant : un second naufragé allemand débarque dans le canot, et la première chose qu'il fait, c'est pointer son flingue sur les survivants !

On aura beau essayer de trouver des excuses à Hitchcock, dire que le film est sorti en 1944, qu'il a enfoui un commentaire sur la défiance entre les peuples, que l'allemand n'est pas diabolique (ce que le public contemporain du film lui avait reproché)... Le fin mot de l'histoire, c'est que l'étranger est insidieusement mauvais, et qu'il tentera de vous poignarder à chaque fois que vous vous montrerez respectueux et altruiste. Ca craint.