L'été sans fin

The Endless Summer

un film de Bruce Brown (1966)

vu en août 2016 au Comœdia

Il y a cinquante ans, deux golden boys américains décident de casser la tirelire et partent faire le tour du monde à la recherche de la vague parfaite. Évacuons ça d'emblée : ils auraient mieux fait d'écouter un peu plus Martin Luther King avant de bourlinguer, parce que leur passage au Ghana est craignos de racisme et de paternalisme colonialiste. L'esprit magnanime que je suis leur accorde un passe-droit, parce qu'on peut rire et être atterré en même temps, mais recommencez pas les garçons.

Le docu m'a rendu un peu euphorique, parce qu'il est baigné d'insouciance et d'évasion ; très fidèle à son affiche, en fait. Qu'un montage réussisse à suggérer ces sentiments alors que le voyage s'étale visiblement sur plusieurs mois, c'est une belle réussite. Un outil essentiel à cet effet, encore plus il me semble que les vagues et les gens souriants omniprésents, c'est la narration de Bruce Brown. Un ton léger et candide, qui partage progressivement les connaissances et l'état d'esprit de ces passionnés, avec une certaine technicité, mais sans jamais se départir d'un humour gaillard et complice.

Bien sûr, le surf tel qu'il est vécu ici, c'est naïf et idéaliste. C'est réduire le monde à une illusion ludique, c'est s'abstraire de la réalité pour ces quelques minutes où il n'y a plus que la vague et l'équilibre qui comptent. Où l'adrénaline et l'exotisme ambiant t'envoient dans une petite bulle de bonheur. Et c'est exactement ce que propose le film. Un plaisir éphémère, intérieur, sans culpabilité. Et on sait que le docu aura une fin, comme l'été, mais ça n'empêche pas de savourer l'instant.