Les moissons du ciel

Days of Heaven

un film de Terrence Malick (1978)

vu le 4 septembre 2016
à la Filmothèque du Quartier Latin

Je voulais pas laisser passer l'occasion de le voir en salle, mais c'était définitivement une mauvaise idée que de le découvrir moins d'une heure après la claque Nocturama.

Visuellement c'est magnifique, ça écrase la concurrence à plate couture, mais j'ai pas pu avaler l'histoire et les personnages. Le drame amoureux qui se joue est terriblement générique ; en d'autres circonstances j'aurais peut-être dit "universel" pour me montrer plus conciliant, mais je vais être honnête, c'était l'ennui qui primait. Et puis, dans l'absolu, je ne vois pas quelle crédibilité accorder au laboureur minable ou au proprio cocufié. Tout est cousu de fil blanc à partir de l'incendie, j'essayais de m'abstraire du scénario et de m'extasier sur les images, mais globalement c'était peine perdue.

Je vais pas prendre la peine de démonter le film en bonne et due forme, mais derrière cette intrigue plate, je pense que j'ai un gros problème avec la mentalité chrétienne + texane à l'oeuvre. Il y a un mélange de populisme et de culpabilité fervente qui me débecte un peu. Malick jubile de transformer en un clin d'œil son trio de travailleurs honnêtes en une petite famille bourge qui gâche la nourriture et méprise tout ce qui lui tombe sous la main, qui ont perdu les "vraies" valeurs. La voix off est aussi assez pénible de ce point de vue, qu'il s'agisse de son attitude condescendante envers ces privilégiés qui sont (nécessairement) aveuglés par leur bien-être matériel, ou encore de l'évidence malhonnête avec laquelle elle assène les malheurs du péché à une femme qui, somme toute, était moins mauvaise qu'égarée.

Donc en fait non seulement Malick raconte son drame par le prisme de la religion, mais en plus il préfère condamner ses personnages dans des élans misanthropiques, plutôt que de les pardonner en bon chrétien. C'est quand même pas très sympa, et c'est pas une photo léchée qui va rattraper le coup. Finalement j'avais un peu les mêmes griefs contre La Balade sauvage...