Passeron et Bourdieu déconstruisent le système universitaire français du début des années 60, pour faire ressortir notamment l'hypocrisie qui consiste à nier le poids de l'origine sociale des étudiants dans leur parcours. S'il peut exister une discrimination positive, elle n'est jamais administrée que comme un pardon condescendant.
Ils illustrent aussi les façons dont les étudiants et les professeurs fuient leurs propres modèles "rationnels", les uns pour simuler un sens dans ce qui n'est censé être qu'une formation artificielle et inoffensive en vue d'un emploi concret, les autres pour promouvoir une conception romantique du talent (chez eux-mêmes, mais aussi chez les élèves) plutôt que mettre à plat, de façon scolaire, les connaissances et les méthodes qu'ils sont censés transmettre.
Il y a quand même quelques manies du discours sociologique qui me font tiquer. À la lecture de certains passages, j'ai eu l'impression que les chercheurs savaient ce qu'ils cherchaient à dire bien avant d'avoir les éléments pour appuyer leurs dires ; je n'ai rien contre les essais, mais qu'on ne prétende pas me vendre une étude scientifique. Quand ils s'amusent du "conformisme de l'anti-conformisme" des étudiants, j'ai aussi envie de leur dire de se regarder dans un miroir : ils n'ont aucune légitimité à se donner un rôle intouchable au-dessus de leurs sujets.
Enfin, la conclusion qui prétend qu'on peut résoudre les défis du système universitaire en se recentrant sur une pédagogie dite "rationnelle", que les auteurs se garderont bien de définir en détail, et qui est censé s'abstraire en un claquement de doigts des symboles et des passions élaborés autant par les élèves que les professeurs, est purement affabulatoire. Quiconque s'est déjà forcé à terminer sans inspiration une dissertation saura reconnaître cette imposture.
(et, sans avoir mis mon nez partout dans l'enseignement supérieur, j'ai quand même l'impression que la plupart des éléments d'étude restent d'actualité)
Passeron et Bourdieu déconstruisent le système universitaire français du début des années 60, pour faire ressortir notamment l'hypocrisie qui consiste à nier le poids de l'origine sociale des étudiants dans leur parcours. S'il peut exister une discrimination positive, elle n'est jamais administrée que comme un pardon condescendant.
Ils illustrent aussi les façons dont les étudiants et les professeurs fuient leurs propres modèles "rationnels", les uns pour simuler un sens dans ce qui n'est censé être qu'une formation artificielle et inoffensive en vue d'un emploi concret, les autres pour promouvoir une conception romantique du talent (chez eux-mêmes, mais aussi chez les élèves) plutôt que mettre à plat, de façon scolaire, les connaissances et les méthodes qu'ils sont censés transmettre.
Il y a quand même quelques manies du discours sociologique qui me font tiquer. À la lecture de certains passages, j'ai eu l'impression que les chercheurs savaient ce qu'ils cherchaient à dire bien avant d'avoir les éléments pour appuyer leurs dires ; je n'ai rien contre les essais, mais qu'on ne prétende pas me vendre une étude scientifique. Quand ils s'amusent du "conformisme de l'anti-conformisme" des étudiants, j'ai aussi envie de leur dire de se regarder dans un miroir : ils n'ont aucune légitimité à se donner un rôle intouchable au-dessus de leurs sujets.
Enfin, la conclusion qui prétend qu'on peut résoudre les défis du système universitaire en se recentrant sur une pédagogie dite "rationnelle", que les auteurs se garderont bien de définir en détail, et qui est censé s'abstraire en un claquement de doigts des symboles et des passions élaborés autant par les élèves que les professeurs, est purement affabulatoire. Quiconque s'est déjà forcé à terminer sans inspiration une dissertation saura reconnaître cette imposture.
(et, sans avoir mis mon nez partout dans l'enseignement supérieur, j'ai quand même l'impression que la plupart des éléments d'étude restent d'actualité)