Les enfants prennent le pouvoir, envoient les adultes récalcitrants en camps de concentration, et se vautrent dans l'oisiveté.
Ce film japonais rebelle tourne en ridicule les empereurs ou les soldats qui brandissent leur autorité arbitraire pour rappeler leur suprématie, alors que, le reste du temps, ils n'éprouvent et ne manifestent qu'une indifférence totale à l'égard des autres, absorbés qu'ils sont par leur recherche de plaisirs naïfs. Simultanément, l'imagerie totalitaire provoque et inquiète : les enfants sont armés, trahissent leurs propres parents, emprisonnent ou exécutent à l'envi. Cette menace vaut à la fois comme flagellation pour les négligences passées qui ont mené à l'émergence de régimes abusifs, et avertissement face à un risque dépeint comme étant inséparable d'une nature humaine vicieuse, intéressée, faible.
Le jugement politique se double d'une critique morale, à travers le non-respect de ce qu'il est communément admis de pouvoir représenter. Que l'on considère la mise à mort de condamnés, dont la gravité est entachée par la présence d'enfants acteurs crédules derrière les fusils ; ou bien la femme nue, ligotée et placée sans plus de raison sur une table pour servir de filet de ping-pong ; ou encore cette séquence où trois femmes et un garçon d'une dizaine d'années simulent ensemble des actes sexuels. Cette infraction aux frontières officieuses du cinéma met en relief le relativisme moral qui nous imprègne : pourquoi la sexualisation des enfants dérange-t-elle plus que les images de la guerre, ses massacres de masse, ses drames personnels indignes et innombrables ? Peut-on trouver un équilibre entre la médiatisation qui nous informe, et celle qui nous désensibilise, qui nous pousse à abstraire certaines images de leur portée terrible ? À quel point la violence se nourrit-elle, non de l'ignorance des faits, mais de l'internalisation de leur horreur ?
Les enfants prennent le pouvoir, envoient les adultes récalcitrants en camps de concentration, et se vautrent dans l'oisiveté.
Ce film japonais rebelle tourne en ridicule les empereurs ou les soldats qui brandissent leur autorité arbitraire pour rappeler leur suprématie, alors que, le reste du temps, ils n'éprouvent et ne manifestent qu'une indifférence totale à l'égard des autres, absorbés qu'ils sont par leur recherche de plaisirs naïfs. Simultanément, l'imagerie totalitaire provoque et inquiète : les enfants sont armés, trahissent leurs propres parents, emprisonnent ou exécutent à l'envi. Cette menace vaut à la fois comme flagellation pour les négligences passées qui ont mené à l'émergence de régimes abusifs, et avertissement face à un risque dépeint comme étant inséparable d'une nature humaine vicieuse, intéressée, faible.
Le jugement politique se double d'une critique morale, à travers le non-respect de ce qu'il est communément admis de pouvoir représenter. Que l'on considère la mise à mort de condamnés, dont la gravité est entachée par la présence d'enfants acteurs crédules derrière les fusils ; ou bien la femme nue, ligotée et placée sans plus de raison sur une table pour servir de filet de ping-pong ; ou encore cette séquence où trois femmes et un garçon d'une dizaine d'années simulent ensemble des actes sexuels. Cette infraction aux frontières officieuses du cinéma met en relief le relativisme moral qui nous imprègne : pourquoi la sexualisation des enfants dérange-t-elle plus que les images de la guerre, ses massacres de masse, ses drames personnels indignes et innombrables ? Peut-on trouver un équilibre entre la médiatisation qui nous informe, et celle qui nous désensibilise, qui nous pousse à abstraire certaines images de leur portée terrible ? À quel point la violence se nourrit-elle, non de l'ignorance des faits, mais de l'internalisation de leur horreur ?