Le Grand Prix de Cannes 95 est le revers triste de la Palme de la même année, le cabriolant Underground d'Emir Kusturica. Ici, Angelopoulos aborde la dissolution de la Yougoslavie avec beaucoup de brouillard et de morgue.
Sur le prétexte de la recherche de trois bobines datant de la naissance du cinéma, le réalisateur campé par Harvey Keitel titube dans une odyssée à travers les Balkans. Le rôle des frontières et de l'immigration semble progressivement écrasé par un conflit généralisé, qui aurait plongé chaque territoire dans une grisaille étouffante. On est en droit de se demander si le but du réalisateur était de montrer que ce contexte mortifère abolissait les différences de cultures et de caractères dans un grand magma de perdition, ou s'il n'a pas plutôt eu la main lourde avec une représentation dramatique et évasive de la guerre.
Quelque part, Angelopoulos cherche à élucider comment la région a atteint cet état de confusion, en s'appuyant sur une perception intime des choses plutôt que sur une enquête historique. Et la succession du passé et du présent au sein de mêmes plans longs est intrigante (elle rappelle les fantômes de Manoel de Oliveira ou d'Apichatpong Weerasethakul), mais malheureusement pas très fertile. La cinématographie manque de règles qui auraient permis de situer les rapports entre les temps et les espaces, et ces ambiguïtés ne parviennent à faire naître que des sentiments informes, inachevés.
Et puis, le projet d'ensemble mérite discussion, mais il faut bien dire que les trois heures du film sont assez pénibles. La faute repose moins sur la caméra patiente que sur les dialogues artificiels, boursouflés de silences auteuristes et d'emphases littéraires difficiles à prendre au sérieux. Quant à Harvey Keitel, ballotté dans un rôle abstrait et inconnu, mal accompagné par le réalisateur, il ne parvient pas à sauver cette déambulation empâtée.
Le Grand Prix de Cannes 95 est le revers triste de la Palme de la même année, le cabriolant Underground d'Emir Kusturica. Ici, Angelopoulos aborde la dissolution de la Yougoslavie avec beaucoup de brouillard et de morgue.
Sur le prétexte de la recherche de trois bobines datant de la naissance du cinéma, le réalisateur campé par Harvey Keitel titube dans une odyssée à travers les Balkans. Le rôle des frontières et de l'immigration semble progressivement écrasé par un conflit généralisé, qui aurait plongé chaque territoire dans une grisaille étouffante. On est en droit de se demander si le but du réalisateur était de montrer que ce contexte mortifère abolissait les différences de cultures et de caractères dans un grand magma de perdition, ou s'il n'a pas plutôt eu la main lourde avec une représentation dramatique et évasive de la guerre.
Quelque part, Angelopoulos cherche à élucider comment la région a atteint cet état de confusion, en s'appuyant sur une perception intime des choses plutôt que sur une enquête historique. Et la succession du passé et du présent au sein de mêmes plans longs est intrigante (elle rappelle les fantômes de Manoel de Oliveira ou d'Apichatpong Weerasethakul), mais malheureusement pas très fertile. La cinématographie manque de règles qui auraient permis de situer les rapports entre les temps et les espaces, et ces ambiguïtés ne parviennent à faire naître que des sentiments informes, inachevés.
Et puis, le projet d'ensemble mérite discussion, mais il faut bien dire que les trois heures du film sont assez pénibles. La faute repose moins sur la caméra patiente que sur les dialogues artificiels, boursouflés de silences auteuristes et d'emphases littéraires difficiles à prendre au sérieux. Quant à Harvey Keitel, ballotté dans un rôle abstrait et inconnu, mal accompagné par le réalisateur, il ne parvient pas à sauver cette déambulation empâtée.