Le jour d'après

Geu-hu

un film de Hong Sang-soo (2017)

Clés de lecture éparses :

HSS est plus attaché à ses acteurs que d'habitude, et en même temps les sollicite sans vergogne. L'investissement requis pour ces longs plan-séquences est particulièrement intense.

Existe-t-il une réalité, ou bien plutôt des expériences du réel (plurielles, subjectives) ? Bongwan est-il plutôt le déchet qui renvoie lâchement sa nouvelle employée pour revenir dans les bonnes grâces de sa maîtresse, ou bien l'homme équilibré et charmant qui l'accueille sans arrière-pensée un an plus tard ? Le montage dissémine les flashbacks et flashforwards pour mettre en évidence que la perception des autres, et sans doute même leur identité propre, est une affaire mouvante, fluide, et dépendante des valeurs des observateurs. Le noir et blanc sert peut-être à évoquer que chaque instant montré est une réalité déjà morte.

La vie n'est plus seulement une affaire d'incidences incontrôlables : au fil de leurs découvertes, les personnages se constituent une connaissance, et surtout une image, de leur cercle proche.

Des enjeux de finalité. La succession de longs plans-séquences, qui démarrent parfois sans exposition, et s'achèvent avant que les disputes n'aient été résolues. Bongwan qui tente de raccourcir les conversations auxquelles il participe, à l'aide de lignes banales et condescendantes ("très bien", "je comprends", etc.) mais se fait rattraper par l'absence concrète de conclusion ; le dialogue se relance, sans qu'il soit parvenu à s'approcher de ce sentiment de complétude, de finalité. Piégé depuis une éternité dans le conflit, il finira par pleurer devant sa maîtresse et son employée. Dans sa dernière apparition, c'est lui qui prend l'initiative de quitter le cadre, et conclut son rôle avec des adieux courtois.

Quelques interrogations autour de la foi, religieuse, amoureuse, familiale ou autre, qui permet de percevoir de la beauté dans des choses simples, si dépréciées soient-elles par les autres observateurs. Les frustrations qui détournent de cet espace de plénitude. L'acquisition de ces croyances, et plus largement la construction d'une personnalité individuelle, est une brique qui manque au cinéma de HSS. À moins qu'il défende un modèle de l'identité purement relationnel ?