Tourné comme un parlant mais finalement muet du fait des limitations techniques du studio retenu, j'ai découvert La Passion de Jeanne d'Arc avec le Lamentate d'Arvo Pärt, sur un montage de trineor. Un sacré boulot (oups, blasphème) qui rend les tableaux tragiques de Dreyer encore plus marquants.
Renée Falconetti crève l'écran dans son rôle de martyr, dépouillée de sa dignité par une Église qui veut lui faire confesser que ses visions sont des mensonges. Pour autant, même si Dreyer est dans le camp de la pucelle, il est loin de dessiner l'affrontement de façon manichéenne.
À plusieurs reprises, Jeanne, les traits déterminés et les yeux écarquillés, ou alors le visage défait et les lèvres tremblantes, ferait presque passer la grâce pour un état psychotique douteux. Encore faut-il être prêt à remettre en question cette légende française, mais je trouve que le film s'y prête complètement, même si ça n'était pas forcément l'intention de Dreyer. Le fait est qu'il n'exige pas du spectateur une adoration aveugle pour cette figure qui pousse l'intégrité jusqu'à mourir pour ses croyances.
Pareillement, parmi les théologiens, certains s'exclament dans des crises apoplectiques, mais ils sont nombreux à trahir des doutes sur la condamnation à laquelle ils prennent part, que ce soit parce qu'ils voient en Jeanne une véritable sainte, ou plus modestement parce qu'ils arborent une foi chrétienne sincère, ouverte au pardon, et qu'ils ne souhaitent à la jeune femme que de réintégrer le rang des fervents sans histoire. Ces doutes, cependant, sont ou bien trahis involontairement, ou bien exprimés en cachette : on en ressort avec l'impression que c'est le communautarisme de l'Église qui a tué Jeanne, alors que ses jurés la défendaient en leur for intérieur.
Le film, par son titre, rend explicite le calque effectué sur la condamnation de Jésus, et en l'occurrence j'y ai assez précisément trouvé l'exploration thématique de la foi que je reprochais à Scorsese d'avoir misérablement plantée dans The Last Temptation of Christ. Je ne savais pas encore que Lars von Trier revendiquait Dreyer comme une influence, mais La Passion de Jeanne d'Arc m'a effectivement beaucoup fait penser à Breaking the Waves. J'ai des relations un peu tumultueuses avec LVT, mais le scénario de celui-là était plus préoccupé par la foi que par la provoc facile, et Emily Watson y était déjà habitée.
Tourné comme un parlant mais finalement muet du fait des limitations techniques du studio retenu, j'ai découvert La Passion de Jeanne d'Arc avec le Lamentate d'Arvo Pärt, sur un montage de trineor. Un sacré boulot (oups, blasphème) qui rend les tableaux tragiques de Dreyer encore plus marquants.
Renée Falconetti crève l'écran dans son rôle de martyr, dépouillée de sa dignité par une Église qui veut lui faire confesser que ses visions sont des mensonges. Pour autant, même si Dreyer est dans le camp de la pucelle, il est loin de dessiner l'affrontement de façon manichéenne.
À plusieurs reprises, Jeanne, les traits déterminés et les yeux écarquillés, ou alors le visage défait et les lèvres tremblantes, ferait presque passer la grâce pour un état psychotique douteux. Encore faut-il être prêt à remettre en question cette légende française, mais je trouve que le film s'y prête complètement, même si ça n'était pas forcément l'intention de Dreyer. Le fait est qu'il n'exige pas du spectateur une adoration aveugle pour cette figure qui pousse l'intégrité jusqu'à mourir pour ses croyances.
Pareillement, parmi les théologiens, certains s'exclament dans des crises apoplectiques, mais ils sont nombreux à trahir des doutes sur la condamnation à laquelle ils prennent part, que ce soit parce qu'ils voient en Jeanne une véritable sainte, ou plus modestement parce qu'ils arborent une foi chrétienne sincère, ouverte au pardon, et qu'ils ne souhaitent à la jeune femme que de réintégrer le rang des fervents sans histoire. Ces doutes, cependant, sont ou bien trahis involontairement, ou bien exprimés en cachette : on en ressort avec l'impression que c'est le communautarisme de l'Église qui a tué Jeanne, alors que ses jurés la défendaient en leur for intérieur.
Le film, par son titre, rend explicite le calque effectué sur la condamnation de Jésus, et en l'occurrence j'y ai assez précisément trouvé l'exploration thématique de la foi que je reprochais à Scorsese d'avoir misérablement plantée dans The Last Temptation of Christ. Je ne savais pas encore que Lars von Trier revendiquait Dreyer comme une influence, mais La Passion de Jeanne d'Arc m'a effectivement beaucoup fait penser à Breaking the Waves. J'ai des relations un peu tumultueuses avec LVT, mais le scénario de celui-là était plus préoccupé par la foi que par la provoc facile, et Emily Watson y était déjà habitée.