La nuit nous appartient

We Own the Night

un film de James Gray (2007)

vu le 4 mai 2016
à la Filmothèque du Quartier Latin

Nan mais c'est quoi ce délire, j'ai compté huit perches dans le champ. HUIT. Et je suis sûr d'en avoir manqué. M'enfin, à part si tu te revendiques de la Nouvelle Vague c'est pas possible. Déjà deux ou trois ça suffit pour casser des montagnes d'immersion, alors huit...! Il regardait jamais ses rushes James Gray ou quoi ? Je comprends vraiment pas.

D'ailleurs mon incompréhension s'étend au dernier tiers du film, de mon avis un ratage scénaristique complet. Alors que la première heure m'avait satisfait, pleine d'une subtilité et d'une tension qui faisaient cruellement défaut à Little Odessa, vient une scène pivot où (spoilers) Phoenix envoie bouler sa copine et veut faire Police Academy parce que papa flic, une ordure passive-agressive certifiée, s'est finalement fait dézinguer par les trafiquants à force de faire son boulot comme un pied. Je ne sais pas si le jeu de Phoenix, gauche, désarticulé, coincé, trahit plus l'incompréhension du personnage par rapport à ses actes, ou bien celle de l'acteur, ou bien celle du metteur en scène, mais dans tous les cas c'est foiré.

La suite bascule effectivement dans le n'importe quoi sans concession, Phoenix se transforme en super cop pour faire son revenge trip, le proprio du bar qu'on était censé filer partout va faire des deals en plein jour avec le type le plus recherché de New York, et finalement les deux frères policiers se font des câlins parce que la famille c'est plus fort que tout. MON CUL. Je dis pas que je suis contre cette vision des choses (même si c'est pas la mienne, je sais l'accepter), mais c'est balancé de façon tellement arbitraire et irrespectueuse par rapport aux personnages minutieusement construits dans les deux premiers tiers, c'en est vraiment pas croyable.

Complotiste dans l'âme, j'en viens à me demander si on n'a pas forcé Gray à conclure son film d'une façon débile et contraire à ce qu'il souhaitait, et si les perches régulièrement disséminées n'ont pas été intégrées volontairement, au nez et à la barbe d'une maison de production débile (We Own the Night est de loin le plus prestigieux film à leur tableau de chasse), comme autant de protestations silencieuses. Si jamais quelqu'un peut confirmer je lui envoie une bière ou bien des fleurs, au choix.