Sans le vouloir, Hylics soulève une question centrale pour une critique du surréalisme contemporain : quelle valeur donner au pur fait de surprendre ?
Historiquement, le surréalisme se caractérise plutôt par une volonté de révéler. L'élément de surprise est un produit secondaire du processus d'excavation psychologique ; la confrontation délibérée avec le bon goût s'est même plutôt fânée dans l'émancipation du dadaïsme. Mais les errances intimes de l'artiste surréaliste trouvent difficilement leur place au sein de la culture et de la consommation de masse. Et puis la démarche de sonder les franges de sa propre conscience demande plus d'investissement que la reproduction des trouvailles d'autres personnes.
D'où l'émergence d'œuvres qui découlent moins d'un souhait d'introspection dérégulée que de la réappropriation de thèmes établis : corruption du corps, délitement des volumes, fusions chimériques, chair et fèces, etc. Dans Hylics, ces codes sont soulignés visuellement par le biais d'une présence étourdissante de modèles en pâte à modeler, mais ils en disent finalement assez peu sur leur créateur ni sur les vérités occultes qui animeraient la pensée humaine. Les dialogues des NPCs, combinaisons aléatoires de formules farfelues, productions numériques fondamentalement désincarnées, interpellent autant, et confirment encore plus ce désintérêt à l'égard de la quête surréaliste originelle.
Je parle de désintérêt, mais pas forcément d'incompréhension. C'est qu'il est légitime de remettre en question cette recherche évasive. La surréalisme « noble » exprime un désir de transcendance de la matière qui est voué à l'échec. Il n'y a pas plus d'Idées au-dessus de nos têtes que de Tartare en-dessous de nos ceintures, et rien n'appelle intrinsèquement à être créé. L'abandon d'une hiérarchie éthique rouvre la porte à une appréciation pleinement subjective de l'œuvre, contexte dans lequel la surprise, tant qu'elle est alimentée, dénote d'une expérience préférable à un rien. Sur ce plan, Hylics répartit assez bien ses atouts, et tire sa révérence avant d'outrepasser les droits que ma patience lui avait accordés. Je n'ai pas été dérangée comme j'aurais préféré l'être, mais j'ai été suffisamment divertie.
Sans le vouloir, Hylics soulève une question centrale pour une critique du surréalisme contemporain : quelle valeur donner au pur fait de surprendre ?
Historiquement, le surréalisme se caractérise plutôt par une volonté de révéler. L'élément de surprise est un produit secondaire du processus d'excavation psychologique ; la confrontation délibérée avec le bon goût s'est même plutôt fânée dans l'émancipation du dadaïsme. Mais les errances intimes de l'artiste surréaliste trouvent difficilement leur place au sein de la culture et de la consommation de masse. Et puis la démarche de sonder les franges de sa propre conscience demande plus d'investissement que la reproduction des trouvailles d'autres personnes.
D'où l'émergence d'œuvres qui découlent moins d'un souhait d'introspection dérégulée que de la réappropriation de thèmes établis : corruption du corps, délitement des volumes, fusions chimériques, chair et fèces, etc. Dans Hylics, ces codes sont soulignés visuellement par le biais d'une présence étourdissante de modèles en pâte à modeler, mais ils en disent finalement assez peu sur leur créateur ni sur les vérités occultes qui animeraient la pensée humaine. Les dialogues des NPCs, combinaisons aléatoires de formules farfelues, productions numériques fondamentalement désincarnées, interpellent autant, et confirment encore plus ce désintérêt à l'égard de la quête surréaliste originelle.
Je parle de désintérêt, mais pas forcément d'incompréhension. C'est qu'il est légitime de remettre en question cette recherche évasive. La surréalisme « noble » exprime un désir de transcendance de la matière qui est voué à l'échec. Il n'y a pas plus d'Idées au-dessus de nos têtes que de Tartare en-dessous de nos ceintures, et rien n'appelle intrinsèquement à être créé. L'abandon d'une hiérarchie éthique rouvre la porte à une appréciation pleinement subjective de l'œuvre, contexte dans lequel la surprise, tant qu'elle est alimentée, dénote d'une expérience préférable à un rien. Sur ce plan, Hylics répartit assez bien ses atouts, et tire sa révérence avant d'outrepasser les droits que ma patience lui avait accordés. Je n'ai pas été dérangée comme j'aurais préféré l'être, mais j'ai été suffisamment divertie.