Himizu

un film de Sion Sono (2011)

Pas du tout anxiogène le machin. En lançant ce Sion Sono à 2h du mat j'avais espoir que ça me requinque légèrement après le débile de Nice. C'était tellement une erreur, haha.

Franchement c'est l'horreur. Fukushima, tout a été détruit, les gens dorment dans des tentes sous des ponts. Les deux collégiens ont des parents qui leur disent texto qu'ils aimeraient bien les voir mourir, en leur attribuant sans vergogne leurs propres échecs. On a un yakuza qui vient tabasser le gosse Sumida pour récupérer l'argent de son père, qui de toute façon s'est fait la malle, tandis que maman s'est aussi éclipsée au diable Vauvert. Le prof l'écrase de sa condescendance et le condamne à une vie minable, parce qu'il est culturellement incapable de tolérer l'absence d'ambition. Bref, on est tellement dans une merde noire que le couple de gamins ne parvient à communiquer qu'en se distribuant des gifles à la pelle.

Ce qui sauve Himizu, et qui en fait même un très bon film, c'est qu'il contient tellement d'énergie qu'il est incapable de se morfondre dans les cuves de pathos qui lui paraissaient destinées. Sur un terrain pourtant plus dramatique que Why Don't You Play in Hell?, Sono continue de carburer à 200%, et chaque acte de rage ou de frustration évoque en même temps la révolte et l'espoir. Sumida donne un moment l'impression d'avoir complètement touché le fond, de n'avoir absolument plus rien à perdre, et la capacité du jeune acteur à retranscrire ce sentiment aussi abstrait que radical est proprement sidérante. Pourtant son visage, ses yeux montrent qu'il a encore beaucoup à accomplir. Et, s'il n'est pas capable de trouver tout seul cette force pour se reconstruire, alors c'est Keiko, par sa passion, son enthousiasme agressif et sa ténacité indéfectible, qui se chargera de la lui révéler.

Himizu c'est, assez simplement, le Another Brick in the Wall du Japon : un plaidoyer acide et catégorique contre une génération sclérosée, et résolument en faveur de la jeunesse. Cette dernière incarne plus d'espoirs qu'elle ne sera en mesure de concrétiser, mais les promesses font après tout la beauté des professions de foi.