Good Time

un film de Benny Safdie, Josh Safdie (2017)

vu le 26 mai 2017
dans la salle du Soixantième, au Palais des festivals

Une longue nuit qui n'en finit pas de foirer, dans la veine du After Hours de Scorsese (d'ailleurs en tête de liste des remerciements au générique). Le projet n'est cependant pas aussi solide ni jubilatoire. D'une part les frères Safdie troquent l'humour new-yorkais contre une violence plutôt vaine et désagréable, mais cette intensité rauque est en décalage avec la dimension cauchemardesque du périple. D'autre part, la photo et la musique plongent dans l'évocation des 80s, couleurs saturées et baveuses, synthés, etc., sans donner d'autre impression que d'avoir succombé au revival initié par Drive et qui touche aujourd'hui jusqu'aux productions tv (Stranger Things évidemment).

J'ai dû finir par déclarer forfait et admettre que cette esthétique était tout à fait arbitraire. C'est assez décevant de constater que le film, de façon pas du tout voilée, préfère succomber à une mode graphique plutôt que de lutter pour établir un univers cohérent (d'autant plus que les compositions de Oneohtrix Point Never sont franchement inspirées), mais ce deuil m'a aidé à prendre mon pied vers la fin, alors bon. En filigrane, il est permis de trouver dans le récit la dénonciation d'un certain profil de parasite, qui se sert des autres et se pare d'une certaine vertu morale, même si ses actes ne témoignent aucune considération ni pour les intérêts des gens qui croisent sa route, ni même pour leur sécurité. Enfin disons qu'il s'agit d'une figure utilisée sans finalité, comme les valeurs esthétiques d'ailleurs : au bout du compte, "Good Time" ne mentait pas sur la marchandise, c'est effectivement, avant tout, un divertissement.