Final Fantasy VI

un jeu de Square (1994)

Il y a une discussion intéressante à avoir sur le renouveau permis par les émulateurs.

Dans un contexte de divertissement, la fidélité à l'expérience de jeu originelle ne m'intéresse pas. Il me semble qu'il ne peut y avoir que la nostalgie pour justifier un attachement (fantasmé ?) à certaines exigences de ce Final Fantasy, notamment le grind d'expérience exigé pour vaincre certains boss d'une puissance sans comparaison avec les ennemis qui les ont précédés. La carte est aussi plutôt avare en points de sauvegarde, exigeant de souvent revenir sur ses pas afin d'éviter de perdre sa progression, ce qui ne manquait pas de multiplier les rencontres aléatoires et répétitives... Les sauvegardes rapides des émulateurs éliminent radicalement ces tares, en plus de l'accélération artificielle de la console qui réduit la durée des rencontres sans enjeux.

Sorti la même année, Earthbound proposait un système simple, mais novateur, qui épargnait d'avoir à jouer les combats gagnés d'avance... Mais y a-t-il un sens à porter un jugement sur le grind ? Certes, si elle m'était imposée, je trouverais aujourd'hui cette occupation chronophage et dégradante. Voir des statistiques augmenter au compte-goutte ne m'intéresse pas au point d'effectuer des tâches sans la sensation d'une progression personnelle. Il faut cependant garder à l'esprit que le jeu ciblait un public jeune qui, d'une part disposait de beaucoup de temps libre, et d'autre part (question d'âge autant que de génération) était moins préoccupé par la rationalisation de leur temps que je ne le suis depuis quelques années. Sans doute aussi faut-il prendre en compte l'évolution des pratiques de game design, qui m'ont accoutumée à une stimulation cognitive constante...

Bref, les enjeux sont nombreux, et il serait dommage de les ignorer sous le prétexte fallacieux, éminemment anal et gamer, qu'un jeu renferme une essence qui serait forcément corrompue par des altérations contemporaines —d'autant plus si elles tendent à améliorer une expérience forcément subjective, grand classique ou non.