Franchement, c'est un super test pour les amateurs de The Assassin. Parce que la visée est quasi identique : réaliser un objet d'une beauté plastique inédite, avec un périple qui s'appuie sur un contexte politique mais qui n'a pas d'autre prétention qu'offrir une expérience sensorielle mémorable. Sauf qu'ici, c'est réalisé avec trois kopeks : les décors et les costumes sont anti-somptueux, depuis la femme de ménage dans une église pleine de morgue, à Denis Lavant torse nu à l'arrière d'un camion. Pourtant la mise en scène témoigne bel et bien d'une maestria technique (amplement confirmée par la rencontre avec le réalisateur enthousiaste Pablo Agüero qui a suivi la projection), chorégraphie ambitieuse de visages, de gestes et de lumières magnifiée par des plan-séquences fluides qui renvoient Birdman aux bacs à sable. Le tout dans un espace atemporel, en dépit de ses liens avec l'histoire de l'Argentine, cadre limite mythique grâce à un mélange envoûtant de voix-off puissante et de personnages dépassés par le destin, d'archives et de fiction. Bref, c'est un test pour les pro-The Assassin, qui les aidera à savoir si c'est bien le radicalisme sensoriel qui les impressionne, ou alors la thune. Avec tout le respect que je dois à ceux que ça concerne. :)
Et donc forcément, je suis resté un peu à côté du film, quoique sa démonstration de savoir-faire m'ait tenu alerte et presque intéressé jusqu'à sa fin, ce qui n'était apparemment et regrettablement pas le cas d'une partie de la salle (en plus, paradoxe : je n'étais pas tout à fait sobre en arrivant). De l'engagement, il y en a des tonnes, mais en faveur d'un cinéma différent, et aucunement politique. S'il y a une leçon à tirer du métrage, c'est qu'Eva Perón (et son cadavre, parce que les gens sont des débiles matérialistes) est rapidement devenue un symbole et a traversé le temps au fil d'appropriations plus ou moins légitimes et plus ou moins pathétiques par les nouvelles générations ; message que personne n'a besoin de prouver, et encore moins un film. Cela dit, encore une fois, il ne s'agit pour Agüero que d'un prétexte à l'épanouissement de son art visuel, donc je n'ai pas d'autre reproche à lui faire que celui de ne pas partager mes préoccupations.
Franchement, c'est un super test pour les amateurs de The Assassin. Parce que la visée est quasi identique : réaliser un objet d'une beauté plastique inédite, avec un périple qui s'appuie sur un contexte politique mais qui n'a pas d'autre prétention qu'offrir une expérience sensorielle mémorable. Sauf qu'ici, c'est réalisé avec trois kopeks : les décors et les costumes sont anti-somptueux, depuis la femme de ménage dans une église pleine de morgue, à Denis Lavant torse nu à l'arrière d'un camion. Pourtant la mise en scène témoigne bel et bien d'une maestria technique (amplement confirmée par la rencontre avec le réalisateur enthousiaste Pablo Agüero qui a suivi la projection), chorégraphie ambitieuse de visages, de gestes et de lumières magnifiée par des plan-séquences fluides qui renvoient Birdman aux bacs à sable. Le tout dans un espace atemporel, en dépit de ses liens avec l'histoire de l'Argentine, cadre limite mythique grâce à un mélange envoûtant de voix-off puissante et de personnages dépassés par le destin, d'archives et de fiction. Bref, c'est un test pour les pro-The Assassin, qui les aidera à savoir si c'est bien le radicalisme sensoriel qui les impressionne, ou alors la thune. Avec tout le respect que je dois à ceux que ça concerne. :)
Et donc forcément, je suis resté un peu à côté du film, quoique sa démonstration de savoir-faire m'ait tenu alerte et presque intéressé jusqu'à sa fin, ce qui n'était apparemment et regrettablement pas le cas d'une partie de la salle (en plus, paradoxe : je n'étais pas tout à fait sobre en arrivant). De l'engagement, il y en a des tonnes, mais en faveur d'un cinéma différent, et aucunement politique. S'il y a une leçon à tirer du métrage, c'est qu'Eva Perón (et son cadavre, parce que les gens sont des débiles matérialistes) est rapidement devenue un symbole et a traversé le temps au fil d'appropriations plus ou moins légitimes et plus ou moins pathétiques par les nouvelles générations ; message que personne n'a besoin de prouver, et encore moins un film. Cela dit, encore une fois, il ne s'agit pour Agüero que d'un prétexte à l'épanouissement de son art visuel, donc je n'ai pas d'autre reproche à lui faire que celui de ne pas partager mes préoccupations.