Être cheval

Je vais être honnête, j'allais voir un film de freaks, en me disant que j'étais pas trop un salaud parce qu'il y a des préoccupations et une vraie empathie derrière ma fascination morbide. Et en fait je me suis pris une gifle tellement le traitement était sobre et à fleur de peau.

Malgré un sujet à connotation très graphique, le jeune réalisateur retranscrit avec beaucoup de délicatesse les sentiments liés au jeu de rôle du pony-play. J'ai même pas envie de parler d'érotisme, tellement la caméra est préoccupée par la douceur des gestes, par la cohésion du couple, par les marques de la confiance, par le geste d'abandon de soi. Le documentaire doit aussi beaucoup à Karen, fascinante et complexe, prête à s'analyser et s'exprimer pour le public sans jamais que ça tourne au narcissisme.

C'est un témoignage qui donne corps à des pratiques et des attitudes que d'habitude on rejette, presque par réflexe, comme des lubies. Le montage présenté tape le juste équilibre entre réserve curieuse et suivi constant. L'accompagnement musical est identiquement contenu, mais frappant et vulnérable et beau quand il décide de s'affirmer. Sélection d'excellent goût de la part de l'Étrange Festival.