Elaenia

un album de Floating Points (2015)

failing words

tracé en simultané. édition minimale.

Nespole. mise en bouche. démonstration d'un enseignement classique, où les phrases de glitch se répondent en écho. orfèvre, horloger ; frottements brossés. tension fondamentale, exprimer la fluidité et la sensualité derrière le caractère discret de la musique électronique. un manifeste.

Silhouettes. la grande composition. les ombres des chœurs qui se révèlent. l'envers fantomatique dessiné par les courbes flottantes. les reliefs et les lumières d'un monde d'idées, enchanteur, spontané, profond. les créatures en myriades de Chihiro. les points d'inflexion entre les trois parties, le deuxième relâchant une pression matérielle, un esprit qui se détache et plonge, se libère dans un milieu aqueux et éthéré.

Elaenia, j'ai parcouru le monde, je me suis prouvée à moi-même —pourquoi reste-t-il cette insatisfaction ? calme au cœur de la tempête de perfectionnisme, œil du cyclone, Elaenia, prends-moi dans tes bras. vois-tu les mondes que j'ai découverts ? quels sens ont-ils si je ne peux pas les partager ? Elaenia, éternelle beauté grecque transgressée par la diphtongue électronique. existes-tu ?

Argenté. retour à la solitude. les percussions amorties et discontinues, gouttelettes métalliques d'une douce averse, grise et brillante. j'ai déchiré le monde pour révéler sa grandeur, mais je trouve mon réconfort dans l'intempérie la plus triviale.

Thin Air. laisse ton esprit vagabonder. les rêves ambitieux reprennent le dessus. pour faire de la pluie un spectacle, il faut préparer une tempête. l'air est électrique, traversé de nappes statiques monumentales. le monde est de nouveau prêt à se rompre, mais je peux me complaire dans l'excitation pour l'instant. savoir que je peux faire exploser à tout moment, c'est déjà une expression de puissance.

For Marmish. pièce de puzzle manquante, rassurante part de mystère. arrangement conservateur, pour un hommage à ses prédécesseurs ? à sa famille ? un dernier regard en arrière avant de se lancer dans l'infini.

Peroration Six. phrases introductives directement plus agressives. let's get this job done. basses écrasantes, déferlante de percussions, pistes surchargées, saturation inédite. prog rock dont la course ascendante semble impossible à arrêter. concentration pour tout suivre, mais il faut lâcher à un moment : péroraison arbitraire, débordée, d'ailleurs n°6, au-delà de la rhétorique, ou bien elle aurait pu être toute autre. sa puissance n'en est pas réduite pour autant. violon (?) qui apparaît, reparaît, comme un fil qui s'emmêle dans une roue, enraye la machine méticuleuse et chimérique —n'est-ce pas son seul moyen de s'accomplir que de tout briser net ? explosion sonore, paroxysme d'excitation, protestation du droit à s'achever —et retour dans la dimension qui nous reste. celle dont tous les secrets ont été extraits. provocation. à ton tour ?

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Dismal alphabets dropping like

incendiary bombs deep within the

gray flesh crevasses of my mind.

electric shots of blue lights flashing

worthless meanings, repeated stories,

banal tales, impotent lessons, common

mistakes and hopeless visions

into the abyss of conscience.

Failing words, so why do I scribble

tomes to no avail, to invisible audiences

I cannot see or touch or ever know.

Holding an orange in my hand means more —

the color and odor of something sweet, fresh.

Failing words only leave a residue of

ink tracks on reams of aging vellum.

Philip Hyams