Au bout d'une heure, j'ai compris que Downton Abbey n'était pas faite pour moi. Suite à plusieurs années de bonne publicité de la part de mon entourage, j'étais prêt à entamer cette série, les bras grand ouverts, rattraper la diffusion et rejoindre un des plus vastes fandoms TV, qui ferait sans doute plus de bruit si le culte global de Game of Thrones ne l'avait pas violemment éclipsé depuis deux-trois ans. J'imagine par ailleurs que de nombreux accros de la première heure ont fini par laisser tomber ces intrigues interminablement vaines. Mais bref, à la fin du pilote, j'ai dû reconnaître que j'allais sans doute m'embêter poliment pour un bon moment avant de commencer à me lier aux personnages. Et il m'a fallu un épisode de plus pour admettre que ça ne marcherait très probablement pas, et que nos chemins se sépareraient aussitôt que j'en aurais fini avec cette saison. J'ai en effet quelques principes débiles, parmi lesquels ne jamais abandonner une série au milieu d'une saison. Ces règles arbitraires ne m'interdisent pas de vaquer à d'autres occupations pendant que je m'ennuie ferme ; j'ai réussi à me traîner péniblement jusqu'aux derniers épisodes, mais après avoir fait aleph-douze fois le tour de l'internet, je n'ai vraiment plus rien à faire qu'écrire ces quelques lignes.
Downton Abbey est un period drama et exactement rien d'autre. En ce qui me concerne, l'aristocratie anglaise des années 10-20 m'indiffère au plus haut point, ce qui est bien dommage vu que la série n'a rien d'autre à proposer —en-dehors des intrigues de soap les plus soporifiques. Les créateurs de Dallas et de Dynastie crieraient sans doute au plagiat, s'ils n'étaient pas en train de profiter de leurs retraites loin de toutes ces bêtises. Qui sera le nouveau comte de Grantham ? Qui va se marier à qui pour récupérer quelle dot ? Est-ce que le prétendant au poste de valet de Lord Grantham assouvira ses plans machiavéliques ? Qui va gagner le prix de la plus belle gerbe de fleurs du domaine de Grantham ?
Et que ça papote, et que ça complote, et que ça se fait des coups de pute, et que ça se répète, et que je m'en contrebalance. Le plus assommant, c'est sans doute l'absence quasi-totale de second degré tout au long de ces babillages stériles. En-dehors de Maggie Smith, qui a droit aux seules (et précieusement rares) répliques drôles de la série, tout est tourné et joué avec un sérieux aberrant. A l'exception de Lady Mary, fille aînée mi-réac, mi-aguichante, les personnages sont manichéens au possible, ils n'ont aucune épaisseur. Preuve en est que, lorsque je regarde ma télé de profil, je ne vois plus qu'une ligne noire. Et ce n'est pas l'accompagnement musical désespérément classique qui va me faire mentir. Les goûts et les couleurs, tout ça, mais je peine vraiment à comprendre les spectateurs réceptifs à ces constructions antédiluviennes, figées et artificielles au possible.
En un sens, Downton Abbey arbore une foi presque inégalée en des mécanismes propres au format télévisuel. Certes, les décors et les costumes n'ont pas à rougir face au meilleur de ce que le cinéma offre, mais ce qui importe, c'est l'immersion aux côtés des personnages, sur le long terme, d'un épisode à l'autre, narrativement espacés à chaque fois de plusieurs mois. Et puis la série entretient une relation privilégiée avec ses fans, notamment par le biais des Christmas Special, rendez-vous immanquables de chaque Noël depuis 2011. Mais ce n'est définitivement pas suffisant pour me satisfaire, l'ensemble est trop profondément inscrit dans son époque, je ne connecte pas avec cette galerie de coincés, et leurs aléas d'amour et d'ambition m'apparaissent grossièrement ennuyeux.
J'achève donc cette saison dans une solide indifférence, vaguement réprobatrice. Je pense voir pourquoi elle peut séduire, mais ça n'efface en rien mon profond désintérêt. En me couchant à la fin de cette épreuve d'endurance, j'aurai une pensée pour ceux qui ont oublié pourquoi ils suivent encore Downton Abbey, mais ne parviennent pas à décrocher.
Quelqu'un vient de glisser sur une savonnette, je voudrais m'empêcher de rire mais c'est vraiment trop con.
*drama drama drama*
Au bout d'une heure, j'ai compris que Downton Abbey n'était pas faite pour moi. Suite à plusieurs années de bonne publicité de la part de mon entourage, j'étais prêt à entamer cette série, les bras grand ouverts, rattraper la diffusion et rejoindre un des plus vastes fandoms TV, qui ferait sans doute plus de bruit si le culte global de Game of Thrones ne l'avait pas violemment éclipsé depuis deux-trois ans. J'imagine par ailleurs que de nombreux accros de la première heure ont fini par laisser tomber ces intrigues interminablement vaines. Mais bref, à la fin du pilote, j'ai dû reconnaître que j'allais sans doute m'embêter poliment pour un bon moment avant de commencer à me lier aux personnages. Et il m'a fallu un épisode de plus pour admettre que ça ne marcherait très probablement pas, et que nos chemins se sépareraient aussitôt que j'en aurais fini avec cette saison. J'ai en effet quelques principes débiles, parmi lesquels ne jamais abandonner une série au milieu d'une saison. Ces règles arbitraires ne m'interdisent pas de vaquer à d'autres occupations pendant que je m'ennuie ferme ; j'ai réussi à me traîner péniblement jusqu'aux derniers épisodes, mais après avoir fait aleph-douze fois le tour de l'internet, je n'ai vraiment plus rien à faire qu'écrire ces quelques lignes.
Downton Abbey est un period drama et exactement rien d'autre. En ce qui me concerne, l'aristocratie anglaise des années 10-20 m'indiffère au plus haut point, ce qui est bien dommage vu que la série n'a rien d'autre à proposer —en-dehors des intrigues de soap les plus soporifiques. Les créateurs de Dallas et de Dynastie crieraient sans doute au plagiat, s'ils n'étaient pas en train de profiter de leurs retraites loin de toutes ces bêtises. Qui sera le nouveau comte de Grantham ? Qui va se marier à qui pour récupérer quelle dot ? Est-ce que le prétendant au poste de valet de Lord Grantham assouvira ses plans machiavéliques ? Qui va gagner le prix de la plus belle gerbe de fleurs du domaine de Grantham ?
Et que ça papote, et que ça complote, et que ça se fait des coups de pute, et que ça se répète, et que je m'en contrebalance. Le plus assommant, c'est sans doute l'absence quasi-totale de second degré tout au long de ces babillages stériles. En-dehors de Maggie Smith, qui a droit aux seules (et précieusement rares) répliques drôles de la série, tout est tourné et joué avec un sérieux aberrant. A l'exception de Lady Mary, fille aînée mi-réac, mi-aguichante, les personnages sont manichéens au possible, ils n'ont aucune épaisseur. Preuve en est que, lorsque je regarde ma télé de profil, je ne vois plus qu'une ligne noire. Et ce n'est pas l'accompagnement musical désespérément classique qui va me faire mentir. Les goûts et les couleurs, tout ça, mais je peine vraiment à comprendre les spectateurs réceptifs à ces constructions antédiluviennes, figées et artificielles au possible.
En un sens, Downton Abbey arbore une foi presque inégalée en des mécanismes propres au format télévisuel. Certes, les décors et les costumes n'ont pas à rougir face au meilleur de ce que le cinéma offre, mais ce qui importe, c'est l'immersion aux côtés des personnages, sur le long terme, d'un épisode à l'autre, narrativement espacés à chaque fois de plusieurs mois. Et puis la série entretient une relation privilégiée avec ses fans, notamment par le biais des Christmas Special, rendez-vous immanquables de chaque Noël depuis 2011. Mais ce n'est définitivement pas suffisant pour me satisfaire, l'ensemble est trop profondément inscrit dans son époque, je ne connecte pas avec cette galerie de coincés, et leurs aléas d'amour et d'ambition m'apparaissent grossièrement ennuyeux.
J'achève donc cette saison dans une solide indifférence, vaguement réprobatrice. Je pense voir pourquoi elle peut séduire, mais ça n'efface en rien mon profond désintérêt. En me couchant à la fin de cette épreuve d'endurance, j'aurai une pensée pour ceux qui ont oublié pourquoi ils suivent encore Downton Abbey, mais ne parviennent pas à décrocher.
Quelqu'un vient de glisser sur une savonnette, je voudrais m'empêcher de rire mais c'est vraiment trop con.