Dedans AlloCiné

ou : Une enquête sensationnelle au cœur des rouages des entrailles du pouvoir.

Ce texte devait à l'origine figurer dans l'article Desperado de ma liste Cinémas parisiens, mais l'ampleur du scandale que j'ai découvert m'a poussé à publier mon rapport sous forme d'une critique autonome. Si donc vous souhaitez lire une courte introduction, assez dispensable, c'est par là. Par ailleurs, afin d'éviter de briser le modeste effet de la fin du texte, et pour ajouter encore une couche de suspense intolérable avant de passer aux éléments croustillants, je me débarrasse tout de go de ma critique de la websérie : je garde des souvenirs bienveillants à l'égard de Merci Qui ?, mais je n'ai vraiment pas compris l'intérêt de Dedans Allociné. En tout cas, vis-à-vis du lien vers ma liste (oui, celle-ci), ça me délivre de tout scrupule d'auto-promotion. Sur ce, allons-y Alonso.

Mocky, propriétaire du Desparado, se plaignant de façon récurrente que les médias traditionnels ne lui accordent plus aucune attention, j'ai naturellement voulu voir ce qui se racontait sur la plus grande plate-forme de publicité française : Allociné. Piégé entre deux colonnes flashant les mérites du dernier Transformerd (oups typo), j'ai slalomé parmi les articles clickbaits, les teasers piégés et les critiques de Voici, jusqu'à finalement atteindre la page de Calomnies, un Mocky sorti en 2014. Six critiques sont écrites au moment de la sortie du film, dont deux négatives et gênées, deux autres positives déposées par des membres tout juste inscrits (classique), et deux dernières encore positives mais bien plus intrigantes. D'un côté, Francesco322, inscrit en 2006, resté inactif durant huit ans jusqu'à sortir de son sommeil cryogénique pour parler en bien de Calomnies puis redisparaître tout aussitôt. De l'autre, Eric M., inscrit pile-poil à la sortie en salles, et affichant, ce qui est autrement plus intéressant, 279 membres suivis et 281 membres abonnés. ...Hein ?

C'est beaucoup, et c'est surnaturellement équilibré. Un tour sur la page des abonnés à Eric révèle alors un tas de photos parfois déformées et généralement suspectes. Une partie significative d'entre elles est incontestablement passée par les serveurs de Facebook, comme en témoignent les petits logos bleus en bas à droite, mais aussi des recherches effectuées avec Google qui permettent notamment de retrouver Eric M. sur le réseau social. Les pseudos utilisés ne sont pas moins vaseux, et le profil de l'ami Eric est loin d'être une exception ! Nombreux sont ceux qui affichent un ratio suivi/abonnés unitaire, certains étant inscrits depuis des lustres et émergeant pour mettre cinq étoiles au docu fauché Le cinéma français se porte bien, d'autres apparaissant en même temps que Les Portes du soleil pour accorder pareillement cinq étoiles avant de s'évanouir dans l'éther. Mystère vanille, cœur meringué.

A quoi donc a-t-on affaire ? Aventurons-nous à des théories dignes des heures les plus glorieuses de Lost. Algorithmes moisis d'Allociné pour truquer leurs notes ? Unité secrète de création de profils visant à booster des statistiques ? Complot et jeu d'influences de la part des proches de Mocky ? Accord occulte avec Facebook ? Détraquage des serveurs d'Allociné et prise de pouvoir par les machines ? Fantasme conspirationniste de la part d'un journaliste des bacs à sable ?

Interrogées, les instances derrière le site n'ont pas souhaité faire de commentaire. Il est peu probable que ces pratiques honteuses soient jamais admises ni pleinement élucidées. Si vous ne craignez pas de découvrir ce que cachent ces façades fallacieuses, c'est à votre tour de plonger dans les tréfonds du web, à la poursuite d'une justice salvatrice. La vérité est ailleurs. Moi, je ne dors déjà plus que d'un œil.