Cosmopolis

un film de David Cronenberg (2012)

vu le 25 mai 2012 à l'UGC Les Halles

D'une improbable cohérence

En dépit de la bande-annonce où Cronenberg plaçait ses repères d'horreur organique, en dépit d'un Pattinson encore un peu teinté de Twilight à l'affiche, contre toute attente, Cosmopolis s'avère être un film bavard. Entrecoupé de violences brusques, nécessairement gratuites, graphiques comme à l'accoutumée avec le réalisateur de La Mouche, mais bavard avant tout. Par une succession de dialogues pas toujours pertinents en eux-mêmes, mais indispensables pour distiller l'ambiance recherchée d'une fin de règne décadente et chaotique, les personnages qui défilent dans sa limousine font réaliser à Eric Packer le décalage des codes qui lui ont permis d'atteindre une position omnipotente. La caméra ne quitte que rarement le véhicule isolé du monde extérieur, entièrement autonome, suscitant l'impression déroutante d'un huis-clos en mouvement, d'une Odyssée urbaine qui se double d'une prise de conscience d'une cassure fondamentale entre les maîtres de la finance et le reste du monde. Ce n'est pas pour autant un film social ou moralisateur, bien plus une œuvre étrange et stylisée, qui vient exprimer et déconstruire de façon assez hypnotique des frustrations universelles.

Pour ceux qui se poseraient la question, la prestation de Pattinson est plus qu'honnête, et n'autorise en aucun cas à ignorer ce film. J'ai eu l'heur d'assister à une projection de Cosmopolis aux Halles le soir de sa sortie, et le film possède probablement un record du nombre de spectateurs ayant quitté la salle de projection à un moment ou un autre, sans qu'aucune scène n'ait été privilégiée. La faute, sans doute, à son scénario déstabilisant et exigeant. Une oeuvre casse-gueule qui parvient à dépasser l'exercice de style.