Climax est un sommet du travail de Gaspar Noé, en ce qu'il constitue, plus encore que ses précédents long-métrages, un film dénué d'histoire et dévoué aux sensations. C'est un cinéma de l'immédiat, un cinéma sans lendemain, dont l'énergie est sciemment moins cérébrale que physique. Il est permis de s'interroger sur la stérilité d'une telle démarche, mais la réussite de Noé par rapport à ses propres ambitions ne fait pas de doute.
Étrangement, c'est dans ce film qui fait passer la rotation d'une caméra sur son axe optique pour un dispositif à la fois étourdissant et familier, un film où cinq marches d'escalier deviennent une menace tétanisante, bref c'est dans un film apparemment frivole, que Noé renoue avec la veine politique et sociale de Seul contre tous. Les personnages, à moitié improvisés par les interprètes, s'inscrivent dans des communautés largement éludées par le cinéma national. « Fier d'être français » : fier de représenter ce qui est, pas ce qu'il faudrait être. Fier d'être queer ou queutard, d'être sensible ou séductrice, fier de parler de sodomie avec autodérision, fier de se libérer et de pulser par les corps et par les mots.
Cet orgueil, cette ivresse, frôle par moments la provocation idiote, et le fait de s'attendre à une femme enceinte tabassée ou à des sévices sanguinolants n'en retire pas la grossièreté intrinsèque. Une telle vulgarité graphique, destinée à choquer sans clairement distraire, est aussi douteuse parce qu'elle reflète l'appétit déviant d'un réalisateur bizarrement épargné par #MeToo. Dans Climax du moins, ces faux pas ont tendance à être balayés dans la frénésie décadente de la soirée, soutenue par un mix musical exquis.
Digne des meilleurs cartons godardiens, l'aphorisme central, « Vivre est une impossibilité collective », évolue entre l'affabulation publicitaire et la vérité mystique définitive. Slogan de campagne droitière ? Épitaphe des sentiments réprimés ? N'y a-t-il de dignité qu'acquise et simulée ? Faut-il construire les astres, ou libérer les abysses ?
Climax est un sommet du travail de Gaspar Noé, en ce qu'il constitue, plus encore que ses précédents long-métrages, un film dénué d'histoire et dévoué aux sensations. C'est un cinéma de l'immédiat, un cinéma sans lendemain, dont l'énergie est sciemment moins cérébrale que physique. Il est permis de s'interroger sur la stérilité d'une telle démarche, mais la réussite de Noé par rapport à ses propres ambitions ne fait pas de doute.
Étrangement, c'est dans ce film qui fait passer la rotation d'une caméra sur son axe optique pour un dispositif à la fois étourdissant et familier, un film où cinq marches d'escalier deviennent une menace tétanisante, bref c'est dans un film apparemment frivole, que Noé renoue avec la veine politique et sociale de Seul contre tous. Les personnages, à moitié improvisés par les interprètes, s'inscrivent dans des communautés largement éludées par le cinéma national. « Fier d'être français » : fier de représenter ce qui est, pas ce qu'il faudrait être. Fier d'être queer ou queutard, d'être sensible ou séductrice, fier de parler de sodomie avec autodérision, fier de se libérer et de pulser par les corps et par les mots.
Cet orgueil, cette ivresse, frôle par moments la provocation idiote, et le fait de s'attendre à une femme enceinte tabassée ou à des sévices sanguinolants n'en retire pas la grossièreté intrinsèque. Une telle vulgarité graphique, destinée à choquer sans clairement distraire, est aussi douteuse parce qu'elle reflète l'appétit déviant d'un réalisateur bizarrement épargné par #MeToo. Dans Climax du moins, ces faux pas ont tendance à être balayés dans la frénésie décadente de la soirée, soutenue par un mix musical exquis.
Digne des meilleurs cartons godardiens, l'aphorisme central, « Vivre est une impossibilité collective », évolue entre l'affabulation publicitaire et la vérité mystique définitive. Slogan de campagne droitière ? Épitaphe des sentiments réprimés ? N'y a-t-il de dignité qu'acquise et simulée ? Faut-il construire les astres, ou libérer les abysses ?