Carnage

un film de Roman Polanski (2011)

Une bonne farce satirique.

En parallèle : tristesse amusée face aux affiches publicitaires de "D'après une histoire vraie", placardées des titres des anciens succès du réalisateur, parce qu'aucune revue n'ose dire du bien d'un film loin de faire l'unanimité ? Ou parce que personne n'ose s'associer avec Polanski ?

Je ne sais pas si c'est l'endroit pour en débattre intelligemment, mais je dois avouer que je ne comprends pas le rejet automatique que son nom provoque ici et là. Est-ce qu'on rectifie le moindre tort en mettant un embargo sur les productions passées et présentes d'un artiste ? Quand les oeuvres, en plus, ne témoignent à ma connaissance jamais du moindre soupçon de pédophilie ? Il faut peut-être que j'en reparle après Tess, mais sur les deux tiers de filmo que j'ai vus, je n'ai rien perçu de répréhensible.

Sans même parler de l'âge des faits (et c'est plus la prescription morale que judiciaire qui m'importe ; je crois en le potentiel de repentir de chacun), il ne me semble pas que ce soit nier le crime commis au milieu des années 70, ou peut-être les crimes, que de juger des oeuvres sans attaque ad hominem.

Seulement, quand cet argument fallacieux est repris par les associations féministes avec lesquelles je partage plusieurs positions, quand il est même institutionnalisé par la ministre du droit des femmes, j'ai l'impression de passer à côté de quelque chose d'évident. En plus, bien que liée, je pense quand même que la question de comment juger un artiste en repentir est distincte des affaires Weinstein et des appels contre le sexisme ambiant, qui dénoncent avec urgence des attitudes hypocrites et actuelles.

Quand la Cinémathèque parle de Polanski en termes biographiques, elle aurait tort de nier ou amoindrir son crime. Mais quand des associations militantes s'expriment sur le crime, elles ne devraient pas non plus nier son impact sur le cinéma (et je n'élaborerai pas sur les figures féminines puissantes qui parcourent son cinéma, depuis Repulsion jusqu'à La Vénus à la fourrure). Je trouve indécent d'afficher Cantat en première de couverture des Inrocks, et douteux de proposer à Polanski d'officier à la cérémonie des Oscars, mais je ne vois aucun sens à cracher à chaque apparition de leurs noms.

Edit : non en fait à la Cinémathèque c'est des tocards.