Enthousiasme réservé face à ce documentaire très austère sur la forme. Le sujet intrigue, un genre de squat en plein désert où viennent "trouver abri" des "rejetés de la société". Mais en se contentant de filmer ses personnages au fil de l'eau, de capturer des moments ici et là sans plus de mise en scène et de ne garder que les plus évocateurs pour le montage final, Gianfranco Rosi reste loin de composer la réflexion que j'attendais.
Comme ces marginaux qui, en fait, ont au moins à moitié choisi la marginalité alors qu'ils avaient encore une place (une famille, surtout) dans la société, Rosi s'abrite derrière des histoires dramatiques pour ne pas avoir à fournir plus en tant que documentariste. A partir du moment où il laisse ces pauvres hères stagner dans leur mal-être sans remettre en question leur situation (même pas forcément en face d'eux, mais au moins dans le film terminé), la distance observatrice qu'il maintient me paraît caduque : sans pour autant être nocive, j'ai vraiment du mal à qualifier une telle démarche de "respectueuse".
On pourra me répondre que le documentaire n'aurait pas existé sans que Rosi s'efface devant l'orgueil de ces hommes et ces femmes qui se mentent à eux-mêmes. C'est vrai. Il n'en demeure pas moins que, humainement, j'ai du mal à accepter qu'on puisse rapporter leurs histoires sans chercher à y intervenir. J'y vois une complaisance dans une impuissance qui, au fond, n'existe pas (encore une fois, la démarche se fait écho des sujets, mais bof).
Bref, je choisis d'en retenir que l'auto-apitoiement ne sert jamais à grand-chose, et que ça a vite fait de tourner au piège auto-entretenu. Ce squat reclus, c'est pas une colonie qui permet à chacun d'enfin exercer sa liberté comme il l'entend, mais bien plutôt le fond du trou, un lieu à peine caché des épreuves auxquelles il faut faire face pour être en paix avec soi-même (parce qu'on aime toujours sa famille malgré sa distance ; parce qu'il faut trouver de l'argent quelque part), et habité par d'autres âmes perdues qui peuvent t'offrir leur empathie passagère... tout en éprouvant une forte indifférence à l'idée que tu t'en sortes.
Enthousiasme réservé face à ce documentaire très austère sur la forme. Le sujet intrigue, un genre de squat en plein désert où viennent "trouver abri" des "rejetés de la société". Mais en se contentant de filmer ses personnages au fil de l'eau, de capturer des moments ici et là sans plus de mise en scène et de ne garder que les plus évocateurs pour le montage final, Gianfranco Rosi reste loin de composer la réflexion que j'attendais.
Comme ces marginaux qui, en fait, ont au moins à moitié choisi la marginalité alors qu'ils avaient encore une place (une famille, surtout) dans la société, Rosi s'abrite derrière des histoires dramatiques pour ne pas avoir à fournir plus en tant que documentariste. A partir du moment où il laisse ces pauvres hères stagner dans leur mal-être sans remettre en question leur situation (même pas forcément en face d'eux, mais au moins dans le film terminé), la distance observatrice qu'il maintient me paraît caduque : sans pour autant être nocive, j'ai vraiment du mal à qualifier une telle démarche de "respectueuse".
On pourra me répondre que le documentaire n'aurait pas existé sans que Rosi s'efface devant l'orgueil de ces hommes et ces femmes qui se mentent à eux-mêmes. C'est vrai. Il n'en demeure pas moins que, humainement, j'ai du mal à accepter qu'on puisse rapporter leurs histoires sans chercher à y intervenir. J'y vois une complaisance dans une impuissance qui, au fond, n'existe pas (encore une fois, la démarche se fait écho des sujets, mais bof).
Bref, je choisis d'en retenir que l'auto-apitoiement ne sert jamais à grand-chose, et que ça a vite fait de tourner au piège auto-entretenu. Ce squat reclus, c'est pas une colonie qui permet à chacun d'enfin exercer sa liberté comme il l'entend, mais bien plutôt le fond du trou, un lieu à peine caché des épreuves auxquelles il faut faire face pour être en paix avec soi-même (parce qu'on aime toujours sa famille malgré sa distance ; parce qu'il faut trouver de l'argent quelque part), et habité par d'autres âmes perdues qui peuvent t'offrir leur empathie passagère... tout en éprouvant une forte indifférence à l'idée que tu t'en sortes.