Belladonna

Kanashimi no Beradonna

un film de Eiichi Yamamoto (1973)

vu le 26 juin 2016 à l'UGC Les Halles

Attendez, c'était censé se passer en France ? :D

Belladonna est sorti en 1973 mais correspond plus à la contre-culture psychédélique qui pouvait exister cinq ans auparavant (du moins en Europe et aux USA ; côté asiatique je sais pas du tout comment ça s'est passé). Deuxième genèse de sorcière de la journée, mais l'esthétique adoptée ne saurait être plus différente de The Witch : beaucoup de dessins et d'aquarelles, essentiellement fixes, fortement colorées et suggestives, de longues estampes déroulées sur fond de rock acide que Syd Barrett n'aurait pas renié... On repense aux délires animés d'Alan Parker pour The Wall (quoiqu'un peu fauchés ici), et aussi, je crois, à certaines séquences de The Meaning of Life des Monty Python.

Je ne connais pas la part de personnel à avoir touché aux substances psychoactives, mais c'est clairement ce genre de visions qu'ils tentent de reproduire dans Belladonna. Le problème, toujours le même, c'est que décrire un trip ne vaut presque rien par rapport au fait de le vivre ; essentiellement parce qu'une telle expérience de cinéma est fatalement passive. C'est un peu la différence entre un rêve et un rêve conscient : le premier peut proposer de belles choses ou tourner au cauchemar, et le deuxième aussi, mais parce que celui qui l'effectue a du recul et un contrôle sur son environnement, c'est une expérience tellement plus folle.

Mais je m'égare. Belladonna cherche à reproduire un trip alors qu'il devrait essayer de l'instiller, comme Enter the Void ou The Forbidden Room. Reste, à défaut, le témoin stylisé d'un mouvement culturel révolu.